Critique cinéma : Barbecue

Faute de mieux, je me suis tournée ce dimanche vers le « Barbecue » d’Eric Lavaine, film sorti depuis plusieurs semaines qui est toujours (étrangement) à l’écran alors que des tas d’autres films sortis après lui ont déjà disparus… Mais les comédies françaises formatées (car « barbecue » en est une, je le savais déjà en entrant dans la salle) bénéficie souvent de la puissance de feu des gros diffuseurs. Alors, au final, ce « Barbecue » là, savoureux ou indigeste ?

Antoine et sa bande de potes se connaissent depuis « Sup de Co » Lyon (déjà, çà fait envie, des anciens d’école de commerce !) et ne se sont jamais quittés. Alors qu’il a eu une hygiène de vie irréprochable jusque là, Antoine fait un infarctus à 50 ans ! A peine remis, il décide que la vie irréprochable, les concessions, les mensonges et la lâcheté c’est terminé, puisqu’il a échappé à la mort, il va profiter de la vie au maximum Les vacances qu’il organise avec ses potes dans les Cévennes vont donc être très différentes des années précédentes. Entre eux, désormais, çà passe ou çà casse !

Eric Lavaine à rendu exactement la copie que l’on attendait de lui, c'est-à-dire un « Buddy movie » (= film de potes) avec un casting d’acteurs très populaires en quasi roue libre, à base d’un scénario sans surprise qui nous mènera très précisément là où on savait qu’on allait arriver. Audace scénaristique proche de zéro : le couple divorcé qui se chamaille mais s’aiment encore, le pote qui a des problèmes d’argent mais pour qui çà ira mieux à la fin, le couple qui se trompaient et qui finit par se retrouver, le bon pote célibataire un peu con mais pleine de bon sens, tout est y est ! Ce n’est pas que l’on passe un mauvais moment, non, le film passe tout seul, on ne s’ennuie pas, parfois on rit carrément mais c’est tellement balisé que çà laisse une impression de… paresse. Les acteurs sont en roue libre, comme je le disais, Franck Dubosc fait du Franck Dubosc (et encore, pas trop !), Florence Foresti fait du Florence Foresti, Guillaume de Tonquedec fait du « Fais pas ci fais pas çà » (j’aime beaucoup mais bon, il peut surement faire tellement mieux !), Jérôme Commandeur fait du Jérôme Commandeur, etc… Là encore, si on les aime bien individuellement (encore que Dubosc au cinéma, çà peu très vite devenir exaspérant), on les aimerait encore plus s’ils nous surprenaient un peu. La encore, il y a quelque chose de paresseux dans la démarche de ce film. Finalement, c’est le rôle titre, Lambert Wilson, qui s’en sort le mieux dans son rôle de quinqua qui s’ouvre à la vie sur le tard, avec pertes et fracas. Sinon, les dialogues sont drôles par moments, il y a mêmes des scènes très réussies de ce point de vue (et non, elles ne sont pas toutes dans la bande annonce !), les paysages des Cévennes et la villa qu’ils occupent sont sublimes (la villa est VRAIMENT sublime !) et comme dans ce film, on passe beaucoup de temps à table à parler bouffe et vin, c’est plutôt un film qui donne faim. Mais ces petits à-côtés esthétiques et gastronomiques ne peuvent pas sauver le « Barbecue », film sympathique mais sans imagination, sans audace, sans créativité et, si j’étais vraiment méchante je dirais… sans grand intérêt.

Métaphoriquement, on peut dire que « Barbecue » est au cinéma ce que les vrais barbecues sont à la cuisine, c'est-à-dire un repas déséquilibré, préparé selon un rituel immuable, avec de la nourriture mail cuite, des accompagnements sans originalité, dont la convivialité est le seul intérêt… « Barbecue », un film du dimanche soir pour grande chaine qui porte finalement bien son nom !

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