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Un point c'est (pas) tout

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Blog sur tout ce qui rend la vie plus chouette...


Renaud "Dans ses Cordes" au PMC de Strasbourg, le 22 mars 2024

Publié par Christelle Point sur 23 Mars 2024, 09:55am

Quand j’ai pris ma place pour le concert de Renaud au PMC de Strasbourg, on m’a dit « Oh non, n’y va pas, c’est pathétique, il n’arrive plus à chanter, cela va te faire de la peine… ». Le problème c’est que cela fait 35 ans que je voulais voir Renaud sur scène et que l’occasion, bizarrement, ne s’était jamais présenté. Alors qu’importe, cette occasion là est peut-être la seule, j’y vais ! Déjà, dans une salle remplie au 4/5ème, je suis étonnée : je ne savais pas que quand on allait voir Renaud sur scène il y avait un dress code ! Au sein de l’auditoire (reconnaissons-le, assez âgé), beaucoup de marinières et beaucoup de bandanas rouges. Voilà une petite chose très touchante. Le concert commence pile à l’heure avec une première partie assez épatante et qui a rencontré un vrai petit succès à l’applaudimètre : Marion Roch : jolis textes, mélodies enlevées, vraie énergie sur scène. Puis à 20h40 le rideau se lève sur celui que tout le monde attendait. Renaud est « dans ses codes » avec des musiciennes classiques (violons, violons alto et guitare) installées en arc de cercle autour de lui. Derrière, un pianiste et un accordéoniste, et c’est tout. Renaud n’est plus tout jeune, il se déplace lentement et, il faut bien le dire, il ne chante plus vraiment. Parce qu’aujourd’hui, il n’a plus les moyens de respirer comme un vrai chanteur, il scande ses textes plus qu’il ne chante, il avale les syllabes. C’est vrai, il faut être honnête, que du coup toute la poésie/l’humour/la férocité de ses textes, tous chantés sur ce ton, en pâtissent beaucoup. Pourtant, la playlist est finement élaborée, mélange de chansons intimes (« La pêche à la ligne », « Adieu Minette », « Son Bleu »), de chansons coups de poing (« La Médaille », « Morts les Enfants », « 500 connards sur la ligne de départ »…) et de vrais grands succès que le public chante à la virgule près comme « Manu », « En cloque », « Morgane de toi » ou l’inévitable (et point d’orgue de l’émotion) « Mistral Gagnant » ; tout cela pour se terminer par une « Ballade nord Irlandaise » magnifique. Toutes les chansons ont été repensées pour les cordes, l’accordéon et le piano et Renaud chante certes difficilement, mais il respecte ses textes au mot près. Ceux qui racontent partout qu’il est perdu sur scène n’ont pas vu le même Renaud que moi.  Moi j’ai vu un gars certes diminué, mais qui au fond de lui, est toujours le chateur énervé, est toujours la Chautron Sauvage ! Une reprise inattendue de « Quand j’étais chanteur » de Michel Delpech (super chanson d’ailleurs), passage encore plus inattendue de Mozart et de la « petite Musique de Nuit » offerte comme un cadeau à son public, voilà qui complète le tableau d’une très jolie soirée. Mais je ne voudrais pas passer sous silence ce qui m’a le plus chamboulé au cours de la soirée, au point que j’en été très émue. Jai vu pas mal de concerts dans ma vie, j’ai vécu des supers soirées de communion entre un artiste et une salle. Mais hier, ce que j’ai ressenti n’avait pas grand chose à voir avec d’habitude. L’amour que le public porte à Renaud était presque palpable, presque tangible, on aurait presque plus le toucher. C’est assez indéfinissable mais cet artiste là à une place très particulière dans le cœur du public français. Par ce qu’il a représenté pour une génération toute entière, par ses débuts gouailleurs et les textes coups de poings trempés dans l’acide sulfurique, par les 4 albums de la consécration (« Morgane de toi », « Mistral gagnant », « Putain de Camion » et « Marchand de Cailloux », que j’ai écouté jusqu’à l’usure), par qu’il a traversé, par ses retours de l’enfer, il est, je crois, bien au chaud dans le cœur de son public et il y est pour l’éternité. Lui faire une triomphe hier, en dépit de ses difficultés à chanter, chanter à sa place quand il faut, c’est la preuve que cet homme là, ce chanteur là, c’est un chanteur à part et que cela restera un chanteur à part. Même aujourd’hui, Renaud c’est Renaud, c’est la Cheutron Sauvage, c’est celui qui conchie l’Eglise, la Police et l’Armée, c’est cet écorché vif aux textes, bouleversants, drôles ou uppercut : Renaud est toujours Renaud.

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