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Un point c'est (pas) tout

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Le coin des livres : Le Chalet des Disparus

Publié par Christelle Point sur 23 Février 2024, 09:24am

Au cœur du massif alpin français, dans un chalet (de grand luxe) Erin et Danny accueillent pour un séminaire les employés d’une start-up (une application de musique). Entre deux descente de ski, il est surtout question de la future vente de l’application à un géant de la tech : des millions sont à la clef et l’ambiance est tendue entre les adeptes de la vente et ceux qui la refusent. Lorsqu’une gigantesque avalanche isole le chalet, coupe les communications et le courant électrique, tout est prêt pour un huis-clos qui va vite dégénérer avec  la première mort suspecte.

Le huis-clos qui dégénère avec les morts qui se succèdent au cœur d’un tout petit groupe, le « Il y a un meurtrier parmi nous ! » c’est vieux comme Agatha Christie et des « Dix Petits Nègres ». Mais rien n’empêche en effet Ruth Ware de le moderniser et de s’en servir pour aborder des questions contemporaines telles que les sommes totalement folles liées aux nouvelles technologies et les violences faites aux femmes. Le roman a deux narratrices qui se répondent un chapitre sur deux. D’un côté Erin, elle travaille au chalet, accueille et chouchoute les hôtes. Elle cache un lourd secret dans son passé (forcément…) et à priori, elle n’est qu’une observatrice de ce petit groupe qui se déchire, et bientôt s’entre-tue. Blessée au pied dans l’avalanche, elle sera une des dernières à sortir du chalet. De l’autre côté il y a Liz, une employée de la start-up. Elle, elle est d’emblée bizarre, elle semble apeurée et maladroite, indécise et traitée comme quantité négligeable par les autres. D’origine modeste, elle a acquis 2% des actions par une sorte de hasard et se trouve au cœur du combat vente/pas vente malgré elle. Elle, sa personnalité intrigue d’emblée et à tort ou à raison (pour ne pas spoiler), elle semble à la fois suspecte et incapable de la moindre violence. J’avoue que tout le début, les questions de gros sous et de lutte de pouvoir ne sont pas les pages les plus intéressantes. L’action, la tension, le suspens et le sentiment de malaise s’installent évidemment avec l’avalanche. Les nerfs (y compris celles du lecteur) sont mis à rude épreuve, et si on parvient quand même à deviner à un moment le « Qui », le « Comment » et surtout le « Pourquoi » sont bien amenés. L’ensemble est crédible, bien angoissant jusqu’au dernier chapitres qui consiste en une course poursuite à ski dans des conditions dantesques. Je n’ai jamais fais de ski, il y a peut-être des choses qui m’échappent dans ces dernières pages point de vue crédibilité mais ça ne gâche rien. Sur le fond, on finit par le comprendre, les histoires d’argent ne sont finalement pas le cœur du drame, ce qui est remué pendant ce séminaire tragique touche davantage aux rapports humains, aux rapports de classe sociale et aux relations hommes/femmes. La fin est malgré tout la bienvenue, ce huis-clos devient tellement oppressant qu’on est heureux qu’il se termine pour pouvoir enfin respirer. C’est la preuve que Ruth Ware a réussi son coup, cette écrivaine britannique trace sa route mine de rien dans le monde du roman noir anglo-saxons. Prenant toujours des femmes pour personnage principal, elle n’a de cesse d’explorer au fil de ses romans la fragilité des relations humaines et des relations hommes-femmes. « Le Chalet des Disparus » est un bon roman noir efficace, pas super original dans sa construction, mais qui remplit parfaitement son office de « page-turner ».

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