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Un point c'est (pas) tout

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Le coin des livres : La Capture

Publié par Christelle Point sur 2 Avril 2023, 08:14am

C’est à Morgelen, une petite ile bretonne battue par la pluie et le vent, qu’Yvonne Chen retrouve la trace des Furies. Elle a un compte à régler avec ce petit groupe de tueurs à gage (voir « Le Gibier ») aux méthodes perfectionnées et imparables. Une fois sur l’île, elle se rend compte que la police est déjà là, mais c’est l’OCLCH, une brigade qui taque les criminels de guerre en fuite. Eux sont là en planque pour essayer de confondre un croate qui a du sang sur les mains. La présence sur un si petit périmètre des Furies et d’un criminel de guerre n’est surement pas un hasard.

« La Capture » est le deuxième tome d’une série, qui a ce jour en compte trois. Même s’il est toujours possible de lire ce deuxième roman sans connaitre le premier « Le Gibier », on aurait bien du mal à comprendre toutes les subtilités de l’intrigue mettant en scène les Furies et Yvonne Chen. En fait il y a deux intrigues qui s’entremêlent assez vite. L’histoire du croate criminel de guerre que les policiers en plaque essayent d’identifier formellement avant de l’appréhender, elle se lit et se comprend sans problème. Celle mettant en scène Chen et les Furies a vraiment besoin pour le coup, du passif du premier roman. Très facile et agréable à lire (50 petits chapitres bien rythmés) « La Capture » est encore une fois un roman très documenté. C’est une constante chez Lebel qui nous a emmené un peu sur tous les terrains de conflits avec ses fictions (Afrique du Sud, Irlande du Nord...). Ici il nous embarque dans l’enfer de la guerre serbo-croate de 1990-92, de ses massacres de masse que l’histoire cherche encore aujourd’hui à juger. C’est bien de cela qu’il s’agit ici, amener un criminel de guerre devant ses juges, devant le TPI. Cette intrigue met en scène un vieux flic à quelques encablures de la retraite (du coup on craint pour sa vie pendant tout le roman, c’est bien connu, quand on est flic à quelques mois de la quille dans les polars, généralement on y passe !) et un jeune flic dépressif qui pleure beaucoup. Ce duo étrange, mal assorti, devient vite attachant. Et puis déboule Chen comme un chien dans un jeu de quille. Elle, peu lui importe le croate, elle veut les Furies. Entre les enquêteurs, les Furies et le croate se joue une partie de billard à trois bandes qui va faire des dégâts collatéraux. Encore plus que dans «  le Gibier », les frontières du Bien et du Mal sont brouillées, les uns passant de l’un à l’autre et inversement. C’est déstabilisant pour le lecteur de roman noir, cette dualité n’est pas si flou d’habitude. C’est la même chose avec les notions de Justice et de Vengeance, là encore la frontière ténue entre les deux se brouille en permanence. J’aime beaucoup la fin de « la Capture » et son double twist, dont je ne dévoilerais bien entendu rien ici. Toute cette série, jusqu’ici, me donne l’impression d’une saga complexe et très élaborée mais qui n’est jamais tortueuse. Même si parfois les personnages et les motivations sont fuyantes, ambivalentes, on n’est jamais perdu, on ne lâche jamais l’intrigue. C’est assez fort de proposer quelque chose d’à la fois très complexe et très limpide pour le lecteur, c’est un petit tour de force de la part de Nicolas Lebel. Et comme d’habitude, l’humour grinçant et les clins d’œil aux collègues ne sont pas absents (Olivier Norek dans la Pléiade !), et cela apporte encore un petit plus à ce roman qui ne manque pas de qualités.  

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