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Un point c'est (pas) tout

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Critique cinéma : Le Mystère Henri Pick

Publié par Christelle Point sur 18 Mars 2019, 15:58pm

Il existe à Crozon, en Bretagne, une bibliothèque qui recèle, dans une petite pièce dédiée, des centaines de manuscrits refusés par les maisons d’édition. C’est là, précisément, qu’une jeune éditrice de la maison Grasset déniche « Les dernières heures d’une histoire d’amour », un manuscrit qu’elle s’empresse de publier et qui cartonne immédiatement. L’auteur, Henri Pick, était le pizzaiolo de Crozon, un homme discret qui ne lisait pas et que personne n’a jamais vu écrire, Jean-Michel Rouche, critique littéraire qui anime une émission à succès, remet publiquement en doute la véracité de cette belle histoire de pizzaïolo-écrivain, ce qui lui attire bien des ennuis. Il se lance alors dans une véritable enquête policière, bien décidé à prouver que c’est lui qui a raison et qu’Henri Pick ne peut pas avoir conçu un chef d’œuvre.

 

Un film qui a pour personnage principal un roman, voilà quelque chose à laquelle je pouvais difficilement résister ! Rémi Bezançon adapte le roman de David Foenkinos, un auteur qui commence à devenir incontournable dans le cinéma français ! Je crois bien que c'est au moins le 4ème film adapté d’un de ses romans… En parsemant son film d’un humour assez fin, en resserrant son propos au maximum au point de faire ressembler son film à un film policier, Il réussi son coup. « Le Mystère Henri Pick » est un film très agréable à suivre, et l’on se prend très vite au jeu de deviner qui à écrit le fameux manuscrit. La Bretagne y est très joliment filmée, il y a tout au long du long-métrage une ambiance chaleureuse comme l’ambiance d’une bibliothèque ou d’une librairie de quartier, pour peu qu’on aime ces ambiances évidemment… Il y a même un petit clin d’œil, genre le film dans le film, lorsque la maison Grasset évoque l’idée d’une adaptation cinéma… qui parlerait plus du mystère Henri Pick que de son roman en lui-même ! C’est très proprement mis en scène, Remi Bezançon rend une copie, certes très conventionnelle, mais très propre. Il a surtout à son service un très beau casting avec Fabrice Lucchini et Camille Cotin en tête. Le premier cabotine beaucoup moins qu’on aurait pu le croire et il est immédiatement et parfaitement crédible dans le rôle de ce critique littéraire très parisien, pétri de certitudes, un peu verbeux et surtout très condescendant. Le petit passage où il imite le style Marguerite Duras est absolument savoureux ! Son rôle, très antipathique au début, s’adoucit au fil des minutes et de l’enquête qu’il mène. Il s’adoucit surtout grâce à la présence de Joséphine Pick, fille d’Henri, très bien incarnée par Camille Cottin. Cette dernière voudrait y croire, à ce papa qui produit un chef d’œuvre littéraire, mais au fond d’elle-même, elle n’y arrive pas vraiment. Elle connait la littérature, Joséphine, Pick, elle a chez elle une bibliothèque qui me fait pâlir, et malgré tout, elle sait bien qu’écrire n’est pas si facile, alors écrire un chef d’œuvre… Les seconds rôles, qui sont très importants au regard de l’intrigue, sont eux aussi bien dessinés et bien incarnés, par Bastien Bouillon ou encore Alice Isaaz. Mais c’est à Marc Fraize que je fais une mention spéciale, au travers d’une archive INA, il apparait en fondateur de bibliothèque des livres refusés et, juste avec ces quelques minutes, il compose un personnage à la fois maladroit, passionné et attachant et qu’on a immédiatement envie de connaitre. Le scénario fonctionne dans le sens où, en tant que spectateur, on va tour à tour échafauder milles suppositions sur le véritable auteur du livre. Au début, il n’y a aucune raison de douter que c’est bien Henri Pick l’auteur, après tout, nous n’avons pas tous le destin que nous méritons et pourquoi un pizzaïolo ne pourrait pas écrire à ses heures perdues ? Mais l’enquête de Jean-Michel Rouche ébranle nos certitudes comme celles de Joséphine : l’histoire est belle, trop belle pour être vraie. Mais alors qui a produit le chef d’œuvre ? On soupçonne tout le monde tour à tour pour arriver à la Vérité. Sans rien vouloir en dire (la magie n’opère qu’une fois avec ce type de scénario), la Vérité est parfois si peu romanesque qu’elle ne mérite pas toujours d’être connue. La toute dernière scène (sur le banc) est un peu nébuleuse, je ne suis pas certaine d’en avoir compris le sens mais en plein milieu du générique de fin (ne quittez pas trop vite la salle), une scène supplémentaire boucle le boucle et de jolie façon. Que peut-on reprocher au « Mystère Henri Pick » ? Une petite tendance un peu outrancière à opposer le parisianisme au bon sens provincial, laisser entendre que les amateurs de polars ne sont pas des vrais amateurs de littérature aussi (ce qui est assez injuste de mon point de vue !), bref à dessiner des jolies petites cases et y faire entrer des choses, une mauvaise habitude très française. De ce point de vue, le film aurait pu être plus nuancé, il aurait certes perdu un peu en humour mais y aurait gagné en subtilité. Malgré tout, « Le Mystère Henri Pick » est un bon moment de cinéma… qui donne terriblement envie de littérature, ce qui me convient parfaitement.

 

La bande annonce du "Mystère Henri Pick"

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