Le coin des livres : N'oublier jamais

C’est le tout premier Michel Bussi que je lis, un auteur devenu très rapidement une référence dans le monde du thriller français, et ce que j’ai découvert avec « N’oublier jamais » est plutôt convaincant. Jamal est handicapé (il lui manque un tibia) mais ça ne l’empêche pas de courir avec sa prothèse tous les matins à Yport, le long des falaises normandes. Il s’entraine pour être le premier handicapé à faire un raid dans le mont Blanc, un truc hyper dur, même pour les valides. Ce matin là, il aperçoit une jeune femme en détresse, sur le point de sauter de la falaise. Il essaie de la convaincre de renoncer mais échoue et elle saute. Il ne le sait pas encore, mais Jamal vient de mettre le doigt dans un engrenage policier qui pourrait le broyer, très vite il est accusé d’avoir agressé la fille puis de l’avoir poussé. Mais Jamal n’est pas du genre à se laisser accuser de quoi que ce soit, puisqu’il se sait innocent. Ce thriller à tiroir, plutôt efficace d’ailleurs, ne souffre que de quelques petits défauts assez propres au genre : des rebondissements qui s’accélèrent dans les derniers chapitres, des retournements de situations qui se multiplient jusqu’à faire presque des demi tours et quelques petits détails difficiles à croire. Car, ce n’est pas d’un simple malentendu que Jamal va devenir victime, mais d’une vraie machination bien (un poil trop ?) tordue. Pendant un bon moment, on se demande qui manipule la réalité, et surtout si la pauvre Jamal n’est pas dans un pur délire psychotique (un ressort déjà très utilisé par des auteurs de talents comme Gilles Caillaux ou Franck Thilliez). Il n’y a pas de digressions inutiles, pas de personnages superflus, « N’oubliez jamais » est un thriller qui ne fait pas de « gras ». Le style est agréable, plutôt accessible et le personnage de Jamal est très rapidement attachant. Il n’est pas possible d’en dire beaucoup sur l’intrigue sans tout déflorer mais je peux quand même en dire deux trois choses : la mort de la jeune femme vient se télescoper avec deux femmes mortes dans des conditions identiques des années auparavant, des affaires jamais élucidées et qui viendront télescoper l’histoire de Jamal jusqu’à l’obliger à refaite les enquêtes à distance pour se tirer d’affaire. C’est une vraie enquête de police que l’on suit, et il faut être bien attentif à tout pour assembler le puzzle, et quand on croit qu’il est enfin complet : paf, une pièce saute et il faut tout reconstruire ! Si on s’accroche on ne décroche pas. La fin, puisqu’il faut bien en parler, est un peu douloureuse, elle essaie de faire passer un peu d’émotion dans son tout dernier chapitre mais ça ne fonctionne pas réellement, cela reste une fin sombre qui laisse un gout étrange en bouche. Mais dans l’ensemble, c’est du thriller de qualité, accessible et efficace, qui ne fait pas dans la dentelle question crédibilité mais de temps en temps, on peut faire semblant de marcher dans la combine, ça ne fait pas de mal.