Le coin des livres : Une putain d'histoire

Pour son 4ème roman, Bernard Minier s’éloigne de la France et du commandant Servaz (pour mieux y revenir plus tard peut-être ?). Henry est lycéen et il vit avec ses deux mamans dans une petite ile de l’état de Washington, il a des potes et une petite amie, Naomie, il est fan de films d’horreur, bref, il a 16 ans et une adolescence comme les autres. Mais un jour, sur le ferry qui ramène les lycéens sur leur île, Naomie rompt avec lui violemment et disparait. On la retrouvera noyée, piègée dans un filet de pêche. 1er suspecté, Henry décide de mener sa propre enquête avec ses amis. Mais sous le vernis, quand on gratte un peu, on découvre des choses bizarres. Minier s’essaie donc à autre chose avec ce roman teenager. Son style et son intrigue, très efficace rendent ce gros polar difficile à lâcher. J’avoue, j’ai été emballé par son roman et j’ai marché à fond dans son intrigue. De temps en temps, il a des chapitres flash back un peu mystérieux, qui se déroulent un peu avant l’intrigue et dans un tout autre endroit, avec des personnages assez déplaisants d’ailleurs, accompagné d’un discours inquiétant sur la NSA, la surveillance généralisée, l’espionnage de masse. Ces chapitres, dont on devine quand même assez vite où ils veulent en venir, ne sont pas les plus convaincants. Minier cherche à dénoncer mais il le fait sans s’encombrer de la moindre nuance, et ça ne rend pas sa démarche aussi efficace qu’il le faudrait, on n’a l’impression d’être un peu dans un monde de science fiction et du coup, on le prend comme tel, dommage... Et puis, à quelques chapitres de la fin de ce gros polar, LE coup de théâtre, le rebondissement qui remet tout en perspective. Je ne l’ai pas vu venir mais je ne l’ai pas trouvé aussi époustouflant que je l’aurais aimé, ce rebondissement. Je ne sais pas bien pourquoi, j’ai l’impression qu’il ne colle pas comme il faut à l’intrigue, comme si c’était juste « trop gros » pour être crédible. Ce n’est pas la première fois que Minier nous fait ce genre de coup mais d’habitude, c’est plus nuancé, c’est mieux amené. Mais ça n’empêche que j’ai passé un bon gros moment agréable à lire « Une putain d’histoire » et je n’en espérais pas moins. Reste un truc qui me chiffonne encore : le titre est inutilement racoleur, la quatrième de couverture ne raconte rien et ne fait pas envie et la photo de couverture n’a aucun sens. Si je ne connaissais pas Minier avant, je ne serais pas allée vers ce roman et ça aurait été dommage. Sur ce coup là, le travail d’éditeur n’est pas top !