Critique cinéma : Midnight Special

Roy, avec son complice et ami d’enfance Lucas, vient de kidnapper un petit garçon de 8 ans, et il a la police texane aux trousses, mais aussi le FBI, la NSA et l’US ARMY ! Pourquoi tant de déploiement de force pour un simple kidnapping ? C’est qu’Alton n’est pas un enfant comme les autres, il « devine » des secrets militaires, il est en contact avec on-ne-sait-quoi et il a fait une sorte de prophétie qui doit se réaliser dans 3 jours. En réalité, Roy est le père biologique du petit Alton et il l’a soustrait à une secte texane assez inquiétante, dont il était membre lui aussi depuis des années, et qui considérait l’enfant comme une sorte de prophète. Et cette secte est bien décidée à récupérer l’enfant elle aussi. Roy, Lucas et Alton fuit leurs poursuivants mais surtout, ils se dirigent vers le lieu précis où la prophétie doit s’accomplir.

« Midnight Special » est présenté par la presse cinéma comme la relecture moderne de « Rencontre du Troisième Type », excusez du peu… Je ne vous cache pas que c’est cette filiation qui m’a incité à choisir d’aller voir le film de Jeff Nichols, « Rencontre du Troisième Type » étant une énorme référence et un de mes films préférées entre tous. Sans cette (très) flatteuse comparaison, je ne sais pas si j’aurais tenté l’expérience, ses deux précédents films (« Take Shelter » et « Mud ») m’avaient bien plu sans pour autant me transporter ou me fasciner. Et c’est vrai que « Midnight Special » est une sorte de revisite du film de Spielberg, dans ses fondamentaux comme dans quelques détails : un petit groupe de personne se dirigent vers un point précis du globe sans savoir ce qui va s’y dérouler mais ils savent qu’ils doivent s’y rendre coute que coute, la scène de rencontre finale est esthétiquement très belle (même si elle est très différente) et il advient, attention spoiler… du petit Alton ce qu’il advenait de Richard Dreyfus à l’époque ! Et puis il y a des clins d’œil : le spécialiste de la NSA, plutôt fasciné et bienveillant, se prénomme Paul et son nom de famille est à consonance française, par exemple. Mais Jeff Nichols n’est pas Steven Spielberg et ce n’est pas lui faire injure que de dire cela. Même si sa réalisation est très soignée, dans sa photographie et son attention portée à la lumière notamment, même si la musique est bien choisie, bien placée et efficace et même si son casting ne démérite pas, « Midnight Special » ne fonctionnera pas sur tout le monde. C’est typiquement le genre de film qui soit vous fascine et vous êtes dedans à 100%, soit vous passez à côté malgré vos efforts Moi, je dois bien l’avouer, le train express « Midnight Special » m’a laissé sur la bas côté de la voie et j’en suis bien navrée. Je ne suis pas rétive à la Science-fiction et au fantastique mais je n’ai jamais réussi à vraiment « entrer » dans cette histoire, j’ai perpétuellement eu une impression étrange de « cheap », c’est difficile à expliquer, c’est juste qu’on n’y croit pas, il n’y a rien à faire. Il manque quelque chose à ce film pour fonctionner, de la magie, du souffle, du rêve, quelque chose d’impalpable. Et même pour être parfaitement honnête, le destin de ce gamin bien étrange et de ses parents austères et ombrageux ne m’a pas vraiment touché. « Midnight Special » est un film qui se prend étonnamment au sérieux, complètement dénué d’humour à quelques petites exceptions près. Il a cependant des qualités indéniables, il a très peu de temps morts et de longueurs, le rythme ne faiblit jamais, et certaines scènes sont même impressionnantes (celle de la station service notamment) et Michael Shannon est très impliqué et très convaincant mais ca ne suffit pas à emporter l’adhésion de la spectatrice que je suis. Il se termine de façon abrupte et assez frustrante (c’est la mode de faire des fins de ce genre), sur une image qui veut tout dire et ne veut rien dire à la fois. Au final, le scénario ne nous aura pas donné toutes les clefs pour bien comprendre : quel a été le rôle de Roy quand il était adepte de la secte, pourquoi en est il forcé d’enlever son propre fils ? De cette secte (genre Waco) il a été beaucoup question dans le premier quart d’heure du film puis presque plus, c’est dommage… Et Alton a rendez-vous avec qui au juste, des extra terrestres ? Des habitants d’un univers parallèle ? Et puisqu’il est né d’une terrien et d’une terrienne, pourquoi est-il « tombé » sur Terre au juste ? Il a une mission ou recherche il juste à retourner « La-Haut » ? Je ne ne suis pas en train de dire qu’un scénario doit donner toutes les clefs d’une histoire, c’est normal de laisser une part d’ombre. Mais là, des parts d’ombre il y en a un peu trop à mon gout, à l’image d’un film qui se déroule en permanence de nuit (Alton ne peut pas vivre le jour, sans que là non plus on ne comprenne pas bien pourquoi !). Bref, plus de frustration que de fascination, « Midnight Special » a les mêmes qualités et les mêmes défauts que « Take Shelter » et c’est finalement assez logique. Jeff Nichols à son cinéma, ses fans, son acteur fétiche. Et moi, avec son univers, j’ai décidément un peu de mal…

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19561322&cfilm=221391.html