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Un point c'est (pas) tout

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Blog sur tout ce qui rend la vie plus chouette...


Le coin des livres : QI

Publié par Christelle Point sur 29 Janvier 2024, 15:47pm

Le système éducatif des États-Unis a bien changé en 2050, face à la pénurie d’enseignants, des mesures radicales ont été prises. Les élèves, dès leur plus jeune âge, et aussi leurs professeurs, sont classés en trois catégories basée sur leur QI et leurs résultats, et ils sont très régulièrement testés. La catégorie « argent » a droit aux meilleures écoles et aux meilleurs équipements, la catégorie « verte » à un enseignement dégradé. Quant à la catégorie « jaune », c’est la voie de garage. On peut descendre d’une catégorie, ce qui met une pression énorme sur tout le monde, mais rarement monter. Jusque là, Elena Fairchild s’accommodait plutôt bien de ce fonctionnement, avec ses deux filles en catégorie argent et son poste de professeur « argent » aussi. Mais quand la cadette rate son examen et passe directement en catégorie « jaune », c’est le choc. Son mari Malcolm ne s’en émeut pas, il n’en a que pour son aînée. Mais pour Elena, voir partir sa petite dans un internat à 6000 km, et la condamner à la médiocrité pour le reste de sa vie, c’est insupportable. Elle décide rater volontairement son test pour être mutée dans le Kansas auprès de sa fille, elle n’imagine pas ce qu’elle va découvrir.

Le précédent roman de Christina Dalcher était également une dystopie, « Vox ». Ce premier roman, qui surfait clairement sur la vague «de la « Servante Écarlate » était intéressant mais je le trouvais un peu trop excessif, pas super crédible, donc pas réellement angoissant. Avec « QI », cette fois-ci c’est différent car ce qu’elle décrit dans son roman n’est qu’une exagération de choses déjà envisagées, déjà mises en œuvre dans l’Histoire du XXᵉ siècle. Cette fois-ci, on est dans quelque chose de « possible », dans une Amérique qui aurait basculé dans une sorte de fascisme soft (sous l’impulsion d’un Président ultra conservateur et décomplexé, par exemple). La société qu’elle décrit dans « QI » est une société qui a renoncé à l’universalisme : « Vos enfants sont tirés vers le bas par les élèves en difficultés, et bien nous allons les envoyer ailleurs » , et au début du roman Elena Fairchild s’en accommode assez bien. Ses filles sont dans la bonne catégorie, dans un « entre-soi » très confortable. Exit les pauvres, les latinos, les noirs, les « fragiles », les « en diffculté », les enfants de familles monoparentales, les écoles « argent » sont essentiellement blanches et aisées. Mais les critères sont objectifs : des tests d’intelligence et de connaissances, les mêmes pour tout ; l’argument fonctionne pleinement. Au travers de flash back, on se rendra compte qu’Elena n’est pas pour rien dans l’instauration de cette tyrannie, ni elle, ni l’homme qu’elle a épousé. Au début du roman, elle n’est pas follement sympathique. Plus les chapitres avancent et plus elle se mue en héroïne mais ces fameux flash back viennent tempérer cette mutation, comme des piqûres de rappel à intervalle réguliers. Le roman brasse pas mal de thème, évoque le programme Aktion T4 (Elena est d’origine allemande), les programme de stérilisations, la sélection intra-utérine, le dévoiement de la médecine. Nous suivons Elena jusqu’au Kansas, dans cette fameuse école jaune où elle découvrira le vrai objectif que le Gouvernement Américain poursuit, et qui n’a pas grand-chose à voir avec l’Éducation. Quand la fin arrive, on ne tombe pas de notre chaise, on est même un peu étonné d’avoir tout compris bien avant la pauvre Elena. La fin est très ambivalente, le roman se termine à la fois bien et mal. Facile et addictif à lire, avec des chapitres courts qui se terminent souvent par un petit cliffhanger, on dévore cette dystopie rapidement. On peut trouver que le personnage de Malcolm est un peu caricatural, on peut toujours trouver ça et à quelques petits défauts mais force est de constater que « QI » remplit à 200 % son objectif de départ : nous alerter. Bien plus angoissant que « Vox », parce que carrément plus crédible, « QI » est une vraie réussite. Ce roman, dans l’Amérique de 2023, résonne avec une acuité particulière. Ce n’est pas juste une dystopie de plus, c’est un avertissement : personne n’est à l’abri dans un État fasciste, absolument personne...

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L
Merci je ne connaissais pas, je vais essayer de le trouver!
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