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Un point c'est (pas) tout

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Le coin des livres : Lucia

Publié par Christelle Point sur 13 Janvier 2024, 14:38pm

Lucia Guerrero s’est fait une belle réputation à la police criminelle de Madrid, par son implication (qui lui a couté son mariage), son intuition et sa pugnacité. Mais à son fichu caractère lui a aussi apporté son lot de tracasseries. La mort spectaculaire de son coéquipier Sergio, retrouvé crucifié, l’amène sur la route d’un groupe d’étudiants en criminologie de l’université de Salamanque. Sous la férule de leur professeur, ils viennent de mettre au point un logiciel qui permet de recouper les affaires criminelles entre elles, à la fois dans le temps et dans l’espace. Le logiciel vient de découvrir que la mort de Sergio ressemble étrangement à d’autres crimes étranges et non élucidés, dont certains remontent à fort loin.

Je n’ai pas toujours été indulgente avec Bernard Minier et surtout son héros récurent Martin, Servaz. Mais s’il décide de faire de Lucia Guerrero sa nouvelle héroïne (et à la lecture de l’épilogue c’est assez probable), alors je vais peut-être devoir réviser mon jugement. Même si « Lucia » est un thriller qui souffre de petites faiblesses, je dois avouer que sa découverte à été malgré tout très agréable. Déjà grâce à Lucia elle-même. Elle aussi a un caractère de cochon et des avis tranchés, comme Servaz, mais chez Lucia ça ne passe pas pour du snobisme mal placé. Il y a chez ce personnage une blessure intime (la mort de son frère Raphaël) et des fractures personnelles (elle ne s’entend ni avec sa sœur, ni avec son ex-mari, ni avec sa propre mère) qui la rendent intéressante et plutôt sympathique. Le roman prend la peine, le temps de quelques digression, de nous en apprendre davantage sur elle, mais ce n’est pas envahissant, trop long et cela tombe plutôt à point dans l’intrigue. Cette intrigue, justement, est une sorte d’arbre feuillu. Il y a un tronc (le tueur principal) et des ramifications qui lui sont liées d’une manière ou d’une autre : un violeur qui sévit sur le campus, un policier en chaise roulante dans le nord de l’Espagne qui cache un gros secret. Tout cela est relié par des fils invisibles qui ne deviennent clairs qu’à quelques chapitres de la fin. L’intrigue est donc multiple, parfois on verse dans une sorte de surenchère d’horreur qui flirte avec la complaisance (le policier handicapé, son passé, son secret, sa façon de s’exprimer) mais le tout reste malgré tout cohérent, intelligible et on brule d’envie d’arriver à la résolution de cette enquête pas banale. Chez Minier, certains méchants sont vraiment très ignobles, très intelligents et vraiment très présomptueux. Ici, comme dans la série Servaz, lorsqu’un criminel avoue ses crimes, il le fait avec une morgue et une fierté qui ne sonnent pas toujours juste. C’est la vision que Minier a visiblement des criminels, des gens très tordus, très malins et tellement dénués de scrupules qu’ils revendiquent fièrement leur crime au nom d’une chose ou d’une autre. Mais c’est le seul petit défaut que je peux discerner dans « Lucia » car même la fin m’a surprise. Jusqu’à 3 chapitres de la fin, je pensais tenir le coupable, puis je pensais en tenir un autre avant qu’on me dévoile qu’il s’agissait encore d’un autre. Il m’a eu, sur ce coup là je dois l’avouer, il m’a surprise avec ce dénouement en triple salto arrière ! Il y a matière, avec les jalons que pose Minier dans « Lucia » (le procès du mi-roman, la toute fin) à une suite à ce roman prometteur, qui reste à mes yeux l’un des plus réussi de Bernard Minier.

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