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Un point c'est (pas) tout

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Le coin des livres : Germania

Publié par Christelle Point sur 10 Janvier 2024, 15:52pm

Berlin sous les bombes, printemps 1944… L’ex-commissaire de la Kripo Richard Oppenheimer (rien à voir avec le concepteur de la Bombe A), juif (et donc interdit de fonction publique depuis des années), survit dans des conditions précaires. Il sait qu’à tout moment, il peut être arrêté et disparaître dans les geôles du Reich, il ne doit son salut fragile qu’à Lisa, son épouse aryenne. Il est donc particulièrement étonné d’être sollicité par la SS pour résoudre une série de violents meurtres de femmes. En acceptant (pas sûr qu’il ait réellement la possibilité de refuser!), il renoue avec son ancien métier d’enquêteur qui lui manque beaucoup, et il y voit aussi une occasion d’être protégé, au moins le temps de l’enquête. Mais collaborer étroitement avec la SS, n’est-ce-pas aussi s’approcher dangereusement de la gueule du loup ?

En commençant cette nouvelle saga berlinoise, difficile de ne pas penser à Phillip Kerr et à son héros Bernie Gunther, difficile de ne pas penser non plus aux « Promises » de Jean-Christophe Grangé. Mais Richard Oppenheimer, qui débute ses aventures dans « Germania », est un héros de saga qui, je le pressens, va se suffire à lui-même. Ce premier tome est épatant, la lecture est fluide, les chapitres courts, l’intrigue est bien menée et claire et surtout le contexte est passionnant. Le personnage principal, Richard Oppenheimer, est un survivant. Son statut de juif aurait du lui couter la vie depuis longtemps. Au printemps 1944 (le Débarquement de Normandie a lieu en plein milieu du roman), dans un Berlin bombardé nuit et jour, avec un pouvoir nazi aux abois et des fanatiques qui ne comprennent pas encore que le vent a tourné, il est à la merci d’une seule visite de la Gestapo. Lui et sa femme ont du mal à se nourrir et passent leur nuit dans les caves de leur immeuble. C’est son statut marital qui l’a momentanément sauvé (ce que j’ai eu un peu de mal à comprendre au début), C’est un héros immédiatement sympathique, un peu désabusé, un peu fataliste (forcement), amoureux de musique classique et passionné par son ancien métier. Il se retrouve à enquêter aux côtés d’un SS dont il ne sait trop quoi penser. Le lecteur, lui, sait quoi penser de Vogler, ce sale type qui n’a pas hésité à dénoncer son propre père à la Gestapo ! Il n’y aura que deux moments où ce SS trouvera un petit peu grâce à nos yeux, coincé dans la cave d’une maison bombardée et à la toute fin. L’enquête, qui mêle idéologie, politique, psychiatrie et mémoire de la Grande Guerre, est claire, passionnante en plus d’être plutôt crédible. Le dénouement n’arrive qu’à quelques pages de la fin, et il est à la hauteur de l’ensemble du roman. Le contexte historique est lui aussi, un personnage à part entière. Le Reich est condamné, bombardé, désillusionné, le Débarquement des Alliés fait naître pudiquement l’espoir dans la population, l’espoir d’une défaite, ce qui est assez paradoxal. L’attitude des nazis pendant cette période est elle aussi paradoxale : ils clament croire encore à la glorieuse victoire, mais ce n’est sans doute qu’une sorte de déni. Il y a une scène, où Oppenheimer est sur le point d’être assassiné en pleine rue par des enfants des Jeunesses Hitlériennes, qui fait froid dans le dos. Cette saga berlinoise, qui commence avec « Germania », s’étale à ce jour sur 6 tomes : j’ai déjà pris rendez-vous pour la suite.

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