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Un point c'est (pas) tout

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Critique cinéma : Une Année Difficile

Publié par Christelle Point sur 19 Octobre 2023, 15:26pm

Albert et Bruno sont tous les deux pris au piège du surendettement. Le premier, piégé par les crédits à la consommation, séparé de sa famille et traqué par les huissiers, est en pleine dépression. Le second a emprunté à tout le monde et ne parvient à subsister que grâce à des petites magouilles plus ou moins lucratives, mais toutes illégales en plus d’être totalement amorales. Ils se rencontrent par le biais d’une association aidant les surendettés et sympathisent. Ils font ensuite la connaissance d’une jolie activiste écolo et comprennent vite que militer dans l’association de cette dernière peut leur rendre service, financièrement parlant…

Depuis plus de 15 ans, Olivier Nakache et Eric Tolédano mettent en scène, en binôme, le petit spectacle de la comédie humaine, toujours par le biais du rire, toujours teinté de petites touches d’émotion. Ils nous offrent cette fois-ci une réflexion sur fameux slogan « Fin du monde versus fin du mois » en mettant en scène deux surendettés, à la fois coupables et victimes d’une société d’hyper consommation en roue libre. C’est cette hyperconsommation, parfaitement illustrée par le pré-générique, qui va les mettre en en face d’une organisation type « Extinction Rébellion ». Ce pré-générique commence par une action coup de poing visant à empêcher l’ouverture d’un magasin lors du Black Friday. Et une fois le problème « réglé » par la police, la folie consumériste s’étale devant nos yeux effarés dans toute son hystérie. Voilà, le ton est donné : les « deux France » se sont affrontés, et la plus nombreuse l’a emporté, avec l’aide de forces de l’ordre. Si le duo de réalisateur parvient toujours à nous émouvoir (et à nous faire rire) avec des choses graves, cette fois-ci il ne va pas réellement faire dans la nuance. Ils se moquent (gentiment) des écolos qui vivent dans des beaux appartements, qui se donnent des surnoms de guerre ridicules, qui tentent des opérations plus spectaculaires que réellement efficaces et qui pensent que hurler à la face du monde va contribuer au changement. Mais c’est surtout dans la peinture du surendettement et de sa spirale infernale qu’ils trouvent le ton juste (ni trop grave, ni trop léger), principalement par le personnage de Bruno. Les qualités habituelles de leur films sont toujours là, la bande originale est très sympa en plus d’être très éclectique (The Doors, Jacques Brel, Chic,…), le montage dynamique, la direction d’acteur au cordeau. Jonathan Cohen (dans le rôle de Bruno) est immédiatement émouvant. Pour moi, c’est lui l’atout émotion du film, pour une fois que le cinéma lui en laisse l’opportunité. Lui s’est endetté par amour, pour maintenir à sa femme et son fils un niveau de vie auquel ils étaient habitué, et il a tout perdu, il va être expulsé après s’être fait dépouillé par les huissiers. Sa première scène, ou des gens viennent faire leur shopping jusque chez lui, est d’une grande violence. C’est lui qui a la scène le plus douloureuse du film, avec son ex-femme. Albert (Pio Marmaï, comme d’habitude irrésistible) est lui nettement moins sympathique en magouilleur à la petite semaine. C’est lui qui entraine Bruno dans l’association pour s’en servir comme d’une couverture pour magouiller encore plus, la mauvaise conscience, c’est lui. Si Pio Marmaï n’était pas si charmant et si son craquage pour le personnage de Cactus ne se voyait pas comme le nez au milieu de la figure, son personnage aurait été le parfait négatif de celui de Bruno. Mais voilà, la magouilleur immoral est amoureux, alors il est pardonné. Noémie Merlant (étrangement coiffée) campe quant à elle une activiste dont on découvre bien tard qu’elle est née avec une cuillère d’argent dans la bouche et qu’elle l’a recraché. Je ne sais pas si en faire une fille d’aristocrate bien née (on ne sait pas de quoi elle vit, travaille-t-elle ?) était une bonne idée, du coup. Cela laisse penser que sauver le monde du dérèglement climatique, c’est d’abord une préoccupation pour ceux qui ont le temps et le luxe de s’y intéresser. Cela brouille un peu le message du film. Le scénario, sous couvert de comédie, montre de l’intérieur les actions des activistes écologiques : comment elles sont pensées, comment elles sont préparées, comment elles se déroulent et comment elles se terminent. Je ne sais pas si « Une Année Difficile » est un film pensé pour nous faire adhérer à leur méthode. Si c’et le cas, j’ai peur que cela n’ait pas réellement marché sur moi. Symboliques, volontairement choquantes, pensées pour être plus médiatiques qu’efficaces, le film montre surtout des activistes toujours à la lisière de la violence verbale et même physique. Certains passages sont carrément surréalistes (la Banque de France). Certaines actions sont même carrément dangereuses, comme la dernière à Roissy par exemple. Ce passage là montre une action coup de poing moyennement crédible (enfin j’espère qu’on ne peut pas s’introduire aussi facilement que cela sur une piste !)  et qui a toutes les chances de mal finir (spoiler : c’est le cas !). Plus convainquant (à mes yeux) sur le thème du surendettement que sur celui de l’écologie radicale, le film s’en trouve un peu déséquilibré. Il faut parfois tout l’abatage de Jonathan, Cohen et tout le charme de Pio Marmaï pour faire passer certaines scènes. Ce n’est pas le plus réussi des films du duo Tolédano/Nakache, il lui manque un point d’équilibre, un petit quelque chose difficile à définir. Il n’a pas suscité sur moi l’émotion puissante d’un « Intouchable » ou d’un « Hors Norme » ou le charme touchant d’un « Sens de la Fête » ou d’un « Nos Jours Heureux ».

La bande annonce de "Une Année Difficile"

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