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Un point c'est (pas) tout

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Critique cinéma : Second Tour

Publié par Christelle Point sur 29 Octobre 2023, 15:47pm

Journaliste opiniâtre, Mademoiselle Pove et son cameraman attitré Gus ont été relégués à la rubrique football de sa chaine de TV à cause d’un reportage jamais diffusé sur le patron de ladite chaine. Pendant l’entre-deux tour d’une Présidentielle sans grand intérêt, un attentat frappe l’un des candidats et le journaliste de la chaine qui le suivait est grièvement blessé. Mademoiselle Pove et Gus héritent donc de 15 jours dans le sillage de Paul-Henri Mercier, le candidat visé. Non seulement la journaliste flaire immédiatement quelque chose de louche dans son entourage, mais il s’avère qu’elle le connait bien puisqu’elle a été au lycée Montaigne avec lui, et même que ce fut lui, son premier amoureux.

Chaque nouveau film d’Albert Dupontel est, à mes yeux, un petit évènement. La voici de retour avec « Second Tour », précédé une bande annonce efficace et d’un casting croustillant dont il a le secret. Qu’on se rassure, sa patte de réalisateur est toujours là : ses travellings (le vol de l’aigle), ses plans improbables, son travail sur le son et la musique, sur les décors, sur les minuscules détails (un bandeau de chaine de TV au continu par exemple, qui passe si furtivement que tout les spectateurs ne le remarqueront pas au premier visionnage), tout ce qui fait qu’on aime son travail derrière la caméra est bien là et ça fait super plaisir. Le film est ultra rythmé, presque un peu trop parfois tant on aimerait faire durer le plaisir. Les 1h40 passe à toute vitesse dans un film bourré d’humour ou Nicolas Marié et Cécile de France donnent l’impression de s’amuser comme des petits fous. Les scènes d’action sont également très bien rendues, avec mention spéciale à l’attentat du début. Tous les gags ne fonctionnent pas, il faut bien l’avouer (le coup des Roms au feu rouge, qui plus est en confondant Roms et Roumains, ce n’est pas génial) mais certaines scènes sont des petits bonbons d’humour, généralement grâce aux guest-stars invitées et pour lesquelles Dupontel écrit du sur-mesure. David Marsais, Jackie Berroyer ou encore Christine Millet font des apparitions trop courtes mais les celles de Philippe Duquesne en hacker type « Mr Robot » et Bouli Lanners en entraineur de football sont vraiment très drôles et très réussies. Albert Dupontel a un magnifique carnet d’adresse et à tous les coups il offre à ses amis comédiens des petits cadeaux de comédie. Cécile de France, Nicolas Marié (génial Nicolas Marié, quand le cinéma français offrira-t-il un vrai premier rôle à cet acteur formidable ?) et Albert Dupontel se partagent les premiers rôles.  Dupontel ne tourne jamais sans se mettre en scène, comme s’il écrivait uniquement aujourd’hui les rôles que les autres n’écrivent pas pour lui. Dans le rôle d’un homme politique, apparemment candidat de la droite libérale, il est un cran en dessous de d’habitude. Terminé les outrances de « Bernie », de « Enfermé Dehors » ou de « 9 Mois ferme » (mon Dupontel préféré), dans « Second Tour » il n’est pas à l’origine de l’humour du film, son personnage insaisissable et peu sympathique donnant immédiatement une (fausse ?) impression de faiblesse. C’est l’inverse avec la volubile et entreprenante Mademoiselle Dove à laquelle Cécile de France offre son dynamisme et son langage châtié. Et puis Nicolas Marié, cameraman fan de football (scène géniale avec le casque de réalité virtuelle), forcément un peu lent et naïf (puisqu’il y est fan de foot, on y reviendra), est juste formidable. Sans lui, le film perdrait énormément. Finalement, là où le bas blesse un peu, c’est sur le scénario. Si il n’y a, encore une fois, rien à redire sur le Dupontel directeur de casting, sur le Dupontel dialoguiste, sur le Dupontel acteur et réalisateur, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas tout à fait avec son scénario. En fait, « Second Tour » souffre des mêmes défauts que « Adieu les Cons », et je trouve que, sur bien des aspects, les deux films se ressemblent beaucoup. Là encore, son scénario est un peu trop plombant, avec la mort et le sacrifice qui règnent en permanence en arrière plan, « Second Tour » souffre d’une noirceur ambiante qui ne lui convient pas. Ici, la politique est corrompue jusqu’à l’os, les mères sont toxiques, les abeilles meurent, les enfants différents sont sacrifiés, les journalistes sont manipulateurs, les candidats fourbes, la violence est la première solution aux problèmes. Je sais bien que Dupontel n’a jamais fait dans la nuance et la retenue, c’est une de ses marques de fabrique, c’est aussi cela qu’on aime chez lui. Mais j’ai l’impression qu’il est devenu plus amer que cynique, son scénario est amer, son film est amer et l’amertume, quand c’est mal dosé, c’est désagréable. Et puis son intrigue est assez confuse aussi, il faut le reconnaitre. Par contre, ce défaut là c’est inhabituel avec lui. Etait-il réellement nécessaire de mêler le Mossad à tout cela ? Etait-il nécessaire d’avoir fait de Paul Henri Mercier le premier amour de la journaliste (ce qui, au final, n’apporte pas grand chose à l’intrigue), au bout d’un moment le film devient moins lisible, à force de s’éparpiller. Et puis, le running gag du foot devient un peu lourd : le foot c’est pour les imbéciles, les gens vulgaires et les mauvais journalistes, le gag est asséné toutes les 10 minutes, on a compris que Dupontel n’aime pas le foot, nul besoin d’insister aussi lourdement ! Albert Dupontel est un réalisateur que j’adore, un des scénaristes les plus drôles du cinéma français, mais Albert Dupontel ne vieillit pas très bien, il devient un peu aigri, cela se ressent un tout petit peu trop dans « Second Tour », et c’est un peu dommage.

La bande annonce de "Second Tour"

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T
D'accord avec vous sur le rapprochement avec "Adieu les cons", sur l'amertume et le pessimisme au final... <br /> Mais j'ai en tout cas bien rigolé avec la scène des "chasseurs" neutralisés! <br /> (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
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