Le coin des livres : La Lisière

Vivian, son mari Hadrien et leur fils Tom de 12 ans roulent tranquillement sur une petite route bretonne, il est plus de 20h00, mais il fait déjà nuit lorsque la voiture heurte un chien errant. Hadrien descend de voiture pour constater les dégâts, son fils lui emboîte le pas. Au bout de quelques minutes, Vivian descend de voiture à son tour et constate qu’ils se sont purement et simplement volatilisés sans laisser d’autre trace qu’une flaque de sang sur la route. C’est le début pour la jeune femme d’une descente aux enfers.

Le nouveau roman de Niko Tackian est aussi court et percutant qu’il est efficace. Le moins qu’on puisse dire est qu’il part bille en tête, à peine quelques paragraphes et le lecteur est déjà au cœur du drame et de l’action. Très vite on pressent que l’intrigue va débuter un long flirt avec le surnaturel et le mythe de l’Ankou. Cela se confirme lorsque la pauvre Vivian, légitimement traumatisée, se met à faire des rêves étranges, rêves qui semblent lui faire, de nuits en nuits, des révélations de plus en plus précises sur le drame que sa famille vient de subir. Ankou, rêves bizarres, contexte breton plein de superstitions, de vielle femmes tirant les cartes et de peurs ancestrales, le tout sur fond de landes bretonnes, de sables plus ou moins mouvants et de grottes sans fond, on obtient au final un polar vénéneux. Mais flirter n’est pas conclure ! Ce contexte n’est peut-être, allez savoir, que le faux nez d’une intrigue bien plus terre à terre, plus bien « fait divers » qu’elle n’en a l’air… Plus réussi à mes yeux que « Respire », le roman de Tackian nous emmène sans problème et sans temps morts jusqu’à un dénouement assez noir. Malgré les apparences, le roman s’avère au final assez crédible. Le personnage de Vivian a un lourd passé, elle a connu un drame familial et les affres de la dépression. Cela donne plus de corps à son personnage, cela vient ajouter du traumatisme au traumatisme, sans toutefois en faire trop. Même si nous ne sommes pas face à un roman noir inoubliable, « La Lisière » réussit son coup. C’est le polar parfait pour un petit séjour de farniente en Bretagne… ou pas !