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Un point c'est (pas) tout

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Critique cinéma : Un P'tit Truc en Plus

Publié par Christelle Point sur 5 Mai 2024, 14:22pm

Lucien et Paul, père et fils unis dans le vol à mains armées, sont en cavale suite au braquage d’une bijouterie. Pour échapper à la police, il intègre clandestinement tune colonie de vacances pour handicapés mentaux, se faisant passer respectivement pour éducateur et handicapé.

Parfois, on ne sait pas trop pourquoi un film sans prétention fait mouche. C’est arrivé à Dany Boon, c’est arrivé à Eric Tolédano et Olivier Nakache, et c’est (peut-être, l’avenir le dira) en train d’arriver à Artus. Il signe avec « Un P’tit Truc en Plus » sont premier film et son démarrage en salle est assez impressionnant, reste à voir si le bouche à oreille va faire son œuvre. On ne peut pas dire qu’en choisissant de faire du handicap mental le sujet central de son film, il ait choisit la facilité. Ce n’est pas le premier à confier des rôles à des handicapés et à traiter ce sujet très délicat. Il faut respecter ses acteurs, ne pas verser dans le pathos ni le misérabilisme, trouver le ton juste en évitant de déraper. Ce petit numéro de funambulisme, je trouve qu’il le réussit pas mal du tout, surtout pour un premier film. Il choisit de faire en sorte que les comédiens (à l’exception de lui même et de Clovis Cornillac) conservent leur propre prénom, animateurs comme résidents du centre. Seuls les deux « impostures » (= ceux qui mentent) ont des noms différents. Le film ne verse pas dans le pathos, jamais. Et je dois avouer que sur ce sujet c’était une crainte légitime, j’ai un souvenir tellement douloureux du « Huitième Jour » que je n’ai jamais pu le revoir une deuxième fois. C’est drôle, parfois cruellement drôle, parois tendrement drôle mais c’est toujours drôle. Filmé dans un décor naturel magnifique, monté avec dynamisme, le film offre des petits moments de poésie très courts  (le travelling sur les différentes housses de couette). Et puis le générique de fin est habillé d’une de mes chansons préférées signée Murray Head. A chaque personnage son running gag, même si certains sont plus drôles que d’autres (le fan de Sarkozy est plus vrai que nature), tous sont touchants à leur manière. Même chez les éducateurs, le pauvre Marc, amoureux transis un peu pathétique, ou Céline (dont l’extérieur ne colle pas avec l’intérieur), les rôles sont plutôt bien écrits pour un film choral. Après, aucun d’entre eux n’a une réelle profondeur, il ne faut pas exagérer, on reste dans une comédie. S’agissant des comédiens professionnels, Alice Belaïdi ou Artus, Clovis Cornillac ou Marc Riso, ils font ce qu’il faut pour servir leur rôle, en essayant (pour Cornillac ou Artus) de ne pas surjouer. A ce jeu là, c’est Artus qui a le vrai défi : jouer un type qui essaie de se faire passer pour handicapé, c’est le truc super-risqué, et en grande partie grâce au reste du casting, il arrive à rester pile dans le ton sans mettre mal à l’aise. D’ailleurs, je me demande si c’et bien crédible de voir Clovis Cornillac en père d’Artus, pour de vue « âge » ? Pendant tout le début du film je les croyais frères, cela me paraissait plus crédible. Ils sont bien entourés par des comédiens qui jouent leur rôle sans se poser de question, et cela fonctionne très bien. Il y a au casting des trisomiques, un jeune adulte qui a visiblement eu un traumatisme crânien, des handicapés légers qui ont des tocs, un autiste, un syndrome Gilles de la Tourette, le film essaie de mettre en scène plusieurs types de handicaps au sein d’un tout petit groupe. On ne va pas se mentir, le scénario est assez cousu de fil blanc, on se doute assez vite de comment cela va se terminer pour les deux malfrats, on se doute que finalement l’amour et la tendresse (et la générosité, et l’altruisme…) vont emporter le morceau. C’est un scénario assez convenu, même un peu téléphoné mais ce n’est pas grave car au fond, on n’espère pas vraiment autre chose. Sur une base au départ assez amorale (se faire passer pour handicapé mental pour échapper à la police n’est franchement pas très glorieux), le film fait passer un message de tolérance, d’optimisme et de chaleur humaine. Alors on peut trouver cela naïf, convenu, lénifiant, tout ce qu’on veut, mais le cinéma n’est pas toujours obligé d’être crédible ou cynique, il peut aussi, parfois, se contenter de messages positifs. J’ajoute pour finir que j’aime énormément ce titre, ce « P’tit truc en plus », ce chromosome surnuméraire qui change tout, mais qui au fond ne change pas l’essentiel. Sans être un chef d’œuvre, ni une comédie culte, « Un P’tit Truc en Plus » est juste un p’tit pavé sur la grande route du vivre ensemble en société : pas besoin d’être un film aux grandes prétentions pour faire mouche.

La bande annonce de "Un P'tit Truc en Plus"

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