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Un point c'est (pas) tout

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Le coin des livres : L'Enquête de Lucius Valérius Priscus

Publié par Christelle Point sur 18 Juin 2023, 08:33am

En 27 après JC, le chevalier Lucius Valerius Priscus est envoyé en Gaule, et plus précisément en pays Eduens, pour enquêter après coup sur la révolte de Sacrovir qui vient d’être réprimée par l’armée impériale. Un notable Eduens, Sacrovir, a tenté quelques mois auparavant de rallier les chefs gaulois dans une révolte contre Rome, et il a échoué. Le numéro 2 de l’Empire Romain, Séjan, charge Lucius d’enquêter in situ sur les causes de cette révolte. Le chevalier déboule donc dans la capitale Eduens, Augustodunum (Autun), flanqué d’un esclave personnel, et commence à enquêter sans se douter une seconde qu’il met la main dans un nid de vipère.

L’historien Christian Goudineau, professeur au collège de France, nous propose avec « L’enquête de Lucius Valerius Priscus » un roman historique très érudit qui part d’une réalité historique. En 27 après JC, essentiellement pour des raisons fiscales, une révolte en pays Eduens est matée par l’armée romaine, la révolte de Sacrovir. L’auteur décide de placer ce fait historique au cœur de sa fiction, en faisant de cette révolte le sujet d’un livre dans le livre. En effet, le récit de Lucius est présenté ici comme un manuscrit retrouvé dans un entrepôt d’Alexandrie, chez un trafiquant d’Antiquité. D’ailleurs, les premiers et derniers chapitres se situent en 2003, à Alexandrie, et permettent à Christian Goudineau de traiter du trafic d’Antiquité et surtout des fausses antiquités qui pullulent dans le pays comme l’Egypte. Le cœur du livre, un  peu moins de 20 chapitres, est donc présentée comme la traduction de ces tablettes miraculeusement retrouvées, à la première personne puisqu’il s’agit des tablettes de Lucius, avec ici et là quelques lacunes à cause de l’usure du temps. Après un chapitre introductif à Rome chez Séjan, l’action se déroule un peu à Lyon et beaucoup à Autun et Bibracte, au cœur du pays Eduens. Lucius enquête, mène des interrogatoires, émet des hypothèses mais son enquête est troublée par un coup de foudre qui le détournera un peu du sérieux de son investigation. J’avoue qu’en milieu de roman, quand cette romance commence, je me dis « A quoi bon mêler du romantisme très fleur bleue à cette histoire ? ». Mais en fait, une fois le livre refermé, on se rend compte que cette fugace histoire d’amour a son importance. Car il ne faut pas perdre du vue qu’il s’agit d’un roman qui peut être rangé au rayon des romans noirs et qu’il y a une vraie intrigue « policière » derrière cette enquête politico-historique. Je reconnais qu’il n’est parfois pas aisé de s’y retrouver au milieu de cette myriade de personnages aux noms qui se ressemblent (un indice : 3 noms = romains, 2 noms = gaulois) mais contre toute attente, le livre se dévore sans problème et même, on se laisse surprendre par une double fin : celle de Lucius qui est tout à fait machiavélique (digne d’un roman d’espionnage) et celle de 2003 qui est très noire. Ce que je voudrais souligner pour finir, c’est l’originalité de ce roman qui nous emmène dans la Rome Antique, puis dans la Gaulle romanisée, qui nous passionne tout en en apprenant des tas de choses sur la politique romaine (qui était Séjan, qui était Germanicus, qui étaient des Eduens) sur la vie quotidienne et administrative de la Gaule après la conquête romaine, mais aussi sur des questions d’identité, de sentiment de « Peuple » et de « Nation ». L’époque romaine et la Gaule romaine sont des périodes très peu présentes dans les fictions historiques et encore plus dans les romans noirs, raison de plus pour se plonger dans ce roman qui ne ressemble à rien de ce que j’ai déjà lu jusqu’à présent. Rien que cette originalité là fait un bien fou.

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