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Un point c'est (pas) tout

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Blog sur tout ce qui rend la vie plus chouette...


Le coin des Livres : Les Fêlures

Publié par Christelle Point sur 5 Mai 2023, 09:11am

Ils avaient tout pour être heureux, Roxanne et Martin étaient jeune, Martin gagnait bien sa vie, ils étaient en bonne santé et même si leur enfance respectives n’avaient pas été un chemin pavé de rose, ils avaient malgré tout des gens qui les aimaient. Et pourtant, ils sont retrouvés inanimés côté à côte, une lettre de suicide de chaque coté du lit. Roxanne est réanimée, Martin non. Pour la sœur de Roxanne, Garance, c’est l‘incompréhension la plus totale. Pour Odile, la mère de Martin, c’est la conviction de plus en plus forte que Roxanne, qu’elle n’a jamais réellement accepté dans la famille, a tué son fils. Mais qui tue réellement ceux qui se suicident ?

S’il y a bien une auteure de romans noirs qui ne m’a jamais déçue, c’est bien Barbara Abel. Chez elle, pas de flics (ou alors en arrière plan, comme ici), pas de tueurs machiavélique, pas de traque policière. Non, chez Barbara Abel, on est dans l’intimité et la psychologie de gens lambda, dans la violence psychologique uniquement, dans le secret des familles, des fratries. Il y a un thème qui traverse toute sa bibliographie, c’est celui de la maternité. Chez elle, les mères sont possessives ou démissionnaires, elles négligent ou surprotègent, elles vengent ou se détournent, elles sont envahissantes ou carrément toxiques. Et dans « Les Fêlures », sans trop en dire, c’est bien du côté des mères qu’il faut chercher la faille : celle de Roxanne, une femme méchante, alcoolique et toxique qui a bousillé l’enfance de ses deux filles, celle de Martin, femme d’affaire inflexible et cassante, qui pense faire le bien et là encore, bousille la psyché de ses deux enfants. La narration est double. Il y a le présent, dont la narratrice principale est Garance. Elle encaisse le choc, puis cherche à comprendre, enquête à sa manière, se heurte au silence de Roxanne puis à sa version, et à celle d’Odile. Elle se débat avec une vérité qui se dérobe sous ses pieds car la psychologie d’un couple, c’est complexe, c’est embrouillé. Elle connait la personnalité complexe de sa sœur et son lourd passif, elle tente de la placer dans cet échiquier, elle doute. Il faut dire que dans tous ces chapitres, on cerne, aux côtés de Garance, une Roxanne inquiétante, dissimulatrice et un peu calculatrice, qui semble finalement capable d’avoir tué son chéri qu’elle sentait lui échapper. Et puis il y a les chapitres flash back, qui raconte la vérité de cette histoire. Ils sont à mettre en miroir (en miroir déformant) avec les chapitres « Garance ». Peu à peu se dessine une vérité protéiforme, ou (tous) les protagonistes, sont tour à tous les bourreaux et les victimes. Il y a deux fins dans ce roman, une fin pour chaque partie. La fin de l’enquête de Garance est terrible dans les faits, mais paradoxalement, c’est un voile qui se déchire, douloureusement certes, mais quoi se déchire malgré tout. La fin de la vraie histoire de Roxanne et Martin, on ne la devine que quelques paragraphes avant qu’elle ne soit dévoilée. Ces deux fins sont bien amenées, cohérentes entre elles, et à la réflexion, elles sont imparables. A part quelques toutes petites longueurs, quelques passages un tout petit peu verbeux par moment, le roman de Barbara Abel est un thriller psychologique très efficace, bien mené, qui ménage son suspens et ses rebondissements jusqu’au bout. Barbara Abel met toujours dans ses romans des personnes ordinaires dans des situations extraordinaires, c’est probablement pour cela qu’elle fait mouche à chaque fois.

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