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Un point c'est (pas) tout

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Blog sur tout ce qui rend la vie plus chouette...


Théâtre : Gaz à tous les étages

Publié par Christelle Point sur 24 Juin 2017, 09:44am

Troisième expérience avec le théâtre amateur de Truchtersheim qui nous présentait cette fois-ci une variation que le thème des difficultés de la vie conjugale, thème universel et intemporel s’il en est ! Le metteur en scène Jean-Luc Falbriard a décidé à mixer trois courtes pièces de vaudeville, deux petites pièces de Feydeau et une de Courteline. Pour les lier entre elles, il part du postulat que chaque scène se déroule simultanément sur 3 étages d’un même immeuble et grâce à une scène tournante très ingénieuse, nous passons rapidement, parfois très rapidement de l’un à l’autre. « La peur des coups » de Courteline met en scène un couple en pleine scène de ménage au retour d’un bal où madame à été très courtisée. Son époux, aussi fort en gueule que pleutre, aussi colérique que misogyne agonit sa femme de reproches tout en déployant des trésors de mauvaise foi pour éviter d’aller se frotter à son pseudo rival. Des trois petites pièces, c’est sans doute la plus faible et du point de vue de l’intrigue la plus limitée. Les dialogues, très compassés et très « XIXème » sonnent parfois un peu ampoulés à des oreilles de 2017. Mais le dynamisme du comédien incarnant le très lâche mari et sa parfaite élocution d’un texte très touffu impressionne et emporte finalement le morceau, et la (légendaire ?) lâcheté masculine trouve dans cette petite pièce une illustration assez cruelle. A un autre étage, un dentiste se trouve pris en étau entre une épouse castratrice et des domestiques revêches, forcé d’arbitrer un conflit mineur à propos d’un petit pipi de chat (au sens propre du terme), le malheureux homme vite écartelé entre deux fortes personnalités féminines, observé d’un œil moqueur par son majordome, finira par perdre ses nerfs. Et je ne parle pas du destin de son pauvre patient, victime collatérale de cette crise. Les portes claquent, les répliques fusent, les actrices s’amusent visiblement à martyriser ce pauvre dentiste. « Hortense a dit : je m’en fous » (c’est le titre !) c’est du Feydeau pur gourmandise. Mais la petite pièce la plus forte, la plus drôle, c’est « Le mal Joli » du même Feydeau. Madame est sur le point d’accoucher avec 1 mois d’avance (alors qu’elle n’est mariée que depuis 8 mois : scandale !) et monsieur est désemparé par une situation qui le dépasse. Pour lui, les choses étaient déjà compliquées mais lorsque belle-maman, beau –papa et la sage femme s’en mêlent, cela devient l’enfer sur terre pour ce pauvre homme. Plus que le texte lui-même (pourtant très drôle), c’est le talent des comédiens et notamment de celui du futur papa qui fait mouche. Affublé d’un accent alsacien à couper au couteau, ce comédien, souffre douleur d’une épouse en douleur, devient vite de pushing- ball de tout le monde, jusqu’à ce que lui aussi finisse par faire entendre sa voix, un peu timidement mais tout le même ! Dans « Le mal joli », Feydeau fait la démonstration d’un humour efficace et malgré ce que l’on pourrait croire assez moderne, et c’est là aussi une vraie gourmandise pour les comédiens comme pour un public visiblement emballé ! Mis en scène avec intelligence et dynamisme (1h45 sans entracte et franchement, sans souffler une minute !), « Gaz à tous les étages » remplit son office : proposer un humour féroce et piquant tout en ne s’éloignant jamais du côté bon enfant du théâtre de boulevard. plus cohérent que « Ring ! », la dernière production et peut-être plus dynamique que « La ravissement d’Adèle », l’avant-dernière production, « Gaz à tous les étages » est parfaitement calibrée pour vous faire passer pour une bonne soirée d’été à la ferme !

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