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Critique cinéma : Astérix, le domaine des Dieux

Publié par Christelle Point sur 23 Novembre 2014, 16:49pm

Critique cinéma : Astérix, le domaine des Dieux

Enième adaptation du héros gaulois de Goscinny et Uderzo, « Astérix, le domaine des Dieux » est très attendu, comme pour les précédentes. Pourquoi ? Et bien parce que Astérix est un héros qui appartient à chacun de nous, que tous les français connaissent extrêmement bien et se sont appropriés, de 7 à 77 an. Se frotter à un tel challenge, c’est forcément prendre un risque terrible (Thomas Langmann en sait quelque chose !). Cette fois-ci, retour à l’animation avec un des albums les plus intéressants et les plus subtils de la collection : « Le domaine des Dieux ». J’ai eu la chance de le voir aujourd’hui en avant-première.

Puisqu’un petit village en Armorique résiste encore et toujours à l’envahisseur romain, César décide de changer de méthode et d’écarter provisoirement la force. Son plan : construire un lotissement de luxe aux abords du village pour la bourgeoisie romaine, son objectif : écraser le village romain non plus sous le poids des armes mais sous celui du « roman way of life », le luxe, le confort, le commerce. Une fois les bâtiments enfin sortis de terre (et non sans mal), le plan marche à merveille, les gaulois se laissent endormir, dominer, coloniser par la douceur de vivre romaine et les sesterces. Seul Astérix voit clairement le danger, mais il est bien le seul à voir clairement le jeu de César.

Aux manettes, Louis Clichy et Alexandre Astier pour cette adaptation de l’album le plus subtil de la collection. Je ne me souviens pas avec assez de précisions de l’album pour savoir si le scénario est parfaitement fidèle à la BD mais en tous cas, celui d’Astier et de Clichy tient parfaitement bien la route. Le film est court, ramassé, part pied au plancher et le rythme ne baisse jamais de la moitié d’un cran. Le casting voix ferait tourner la tête de n’importe quel réalisateur français : Laurent Lafitte, Elie Seimoun, Alexandre Astier himself, Lorant Deutsch, Alain Chabat, Géraldine Nakache, François Morel, Artus de Pengern (dans un de ses derniers rôles), Florence Foresti, n’en jetez plus l’amphore est pleine ! Petite touche géniale, avoir réservé le rôle titre d’Astérix à Roger Carel, parce que personne d’autre ne peut vraiment doubler le petit gaulois. Et puis, pour ceux qui connaissent bien « Kaamelott », il y a en supplément surprise, plein de voix que l’on reconnait de la série. Astier a ressorti son carnet d’adresse et quel plaisir d’entendre les voix de Franck Pitiot, de Lionel Astier, de Joëlle Sevilla, et surtout de Serge Papagalli en Abraracourcix ! J’ai même entendu un petit « C’est pas faux ! ». Les dialogues font mouche 9 fois sur 10, il y a évidemment plein de gags qui font rires les petits (et pas seulement les petits, avouons-le) et plein de petites choses qui font aussi marrer les grands, des anachronismes plutôt bien vu (mouvement de grève des légionnaires contre la pénibilité et le manque de respect), des noms savoureux (Travaillerpluspourgagnerplus, Apeldjus , Duplicatha, Oursenplus…), des clins d’œil cinéphiliques (« le seigneurs des anneaux », « King Kong »…), bref, c’est aussi du cinéma pour les grands gamins que nous sommes restés et çà, c’est la marque des bons dessins animés : les enfants s’amusent et les adultes ne se font pas ch… ! Mais honnêtement, c’est le choix de cet album de Goscinny et Uderzo qui reste encore la meilleure idée du duo Astier/Clichy. Parce que c’est dans « Le domaine des Dieux » que l’intrigue se fait la plus subtile. Ici, pas de dépaysement avec des clichés rigolos sur les Anglais, les Corses ou les Egyptiens, pas vraiment d’affrontement binaire entre les méchantes légions romaines en tortue et les guerriers gaulois indisciplinés (Obélix met quand même des baffes et des raclées, pas de panique !), c’est bien plus subtil. La douceur de vivre romaine charme les gaulois qui se romanisent l’air de rien, adoptant la mode, la gastronomie, les coutumes romaines qui leur semblent si séduisantes et abandonnent leur culture ancestrale. Si on ajoute à cela une forme de capitalisme qui fait monter les prix et perdre la tête des commerçants gaulois, on a tout compris de ce qui est dessiné en filigrane derrière. « Le domaine des Dieux » a la double bonne idée de décrire ce que fut réellement et historiquement la romanisation de la Gaule (par la culture, l’urbanisme, le commerce plus que par les armes) et aussi de « dénoncer » par le rire et le second degré une sorte d’américanisation de la société française dans les années 50-60 (cinéma, télévision, confort matériel, Plan Marshall, tout çà, tout çà…) « Le domaine des Dieux » est sorti en 1971 et on peut essayer de le remettre dans son contexte de l’époque. Sauf que… Qui peut dire que ce propos n’est pas encore plus d’actualité aujourd’hui ? Mondialisation, capitalisme triomphant, uniformisation culturelle, ce sont des notions qui parlent aux citoyens de 2014 peut-être bien plus qu’à ceux de 1971. Cela fait du « Domaine des Dieux » la meilleure adaptation d’Asterix à l’écran depuis le film d’Alain Chabat « Astérix et Cléopâtre », un sacré compliment, par Toutatis !

J’ai lu quelque part que, pour la première dans l’histoire de l’animation française, les voix avaient été enregistrées avant que les images ne soient crées, pour que les lèvres à l’écran épousent parfaitement les dialogues. Si on est attentif pendant la projection, on se rend compte qu’effectivement, le rendu est étonnant. Décidément, ce n’est pas encore cette fois-ci que je dirais quoi que ce soit de mal sur le travail d’Alexandre Astier !

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19548663&cfilm=187191.html

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