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Léa, la sœur aînée d’Antoine, a disparue lors d’un festival de musique en Bretagne. Cette adolescente a faussé compagnie à son oncle qui en avait la responsabilité et s’est volatilisée. Fugue ? Mauvaise rencontre ? La jeune fille était en conflit ouvert avec ses parents depuis des mois suite à un déménagement en province qui l’éloignait de ses amis parisiens, mais a-t-elle disparu volontairement pour autant ? Antoine et ses parents ne vivent plus, l’enquête piétine, la famille se fissure et soudain, Léa est retrouvée. Pour autant, rien ne rentre dans l’ordre, toute la famille rentre dans le couloir interminable du post trauma.
Ça faisait longtemps que je n’avais pas lu un roman d’Olivier Adam, et je me demande bien pourquoi j’ai attendu si longtemps pour m’y remettre. Dans ce court roman, à mi-chemin entre le roman noir et le drame psychologique, Olivier Adam explore le stress post traumatique dans ce qu’il a de plus intime et de plus douloureux. Ici, toute la famille est impactée par la disparition, puis la réapparition de la jeune Léa. Adolescente secrète et revêche (double pléonasme), elle s’évapore sans laisser de traces lors d’un concert. Tout porte à croire qu’elle a fugué. Des extraits de lettres de la jeune fille émaillent les chapitres : elle est très amoureuse secrètement, elle s’est peut-être enfuie pour rejoindre l’être aimé si fort ? Elle réapparaît au terme du premier tiers du roman. Je ne dis rien de plus pour ne pas trop déflorer l’intrigue. Sa psychologie, l’attitude de ses parents, celle de son frère, tout cela est parfaitement détaillé, tout est raconté avec finesse et délicatesse, dans un style agréable et facile à lire, tout en restant assez élégant. Olivier Adam parle à hauteur d’homme (le narrateur est Antoine, le petit frère), ménage ses effets et une certaine dose de suspens. Par moment, on flirte avec le roman noir et c’est sans doute l’aspect le moins maîtrisé par Olivier Adam, parce que ce n’est pas sa spécialité. La scène de la crise d’asthme notamment est un peu trop longue, un peu trop métaphorique, et sans doute un tout petit peu moins crédible que le reste du roman (j’entends par là que le dénouement est moins subtil qu’espéré). Court, mais percutant, Olivier Adam prouve avec « La Tête sous l’Eau » qu’il reste une valeur sure du roman français contemporain. Découpé en grandes parties dont les sous-titres évoquent la météo marine, il offre également à la mer un rôle de premier plan. Ici la mer console, elle apaise, elle réveille, elle joue un rôle non négligeable dans l’histoire douloureuse d’Antoine, de sa sœur, de ses parents. Un joli roman délicat, voilà ce qu’est « La Tête sous l’Eau ».