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Un point c'est (pas) tout

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Critique cinéma : Le Disparition de Josef Mengele

Publié par Christelle Point sur 1 Novembre 2025, 16:07pm

Au terme de la Seconde Guerre Mondiale, alors que les anciens nazis font profil bas et espèrent être recasés discrètement par les forces d’occupation américaines, le médecin du camp d’extermination d’Auschwitz Josef Mengele choisi l’exil en Amérique du Sud. Il a beau d’en défendre, il sait bien au fond de lui que ses crimes à lui ne peuvent rester impunis. De l’Argentine au Brésil, en passant par la Paraguay, il se cachera de tous jusqu’à sa mort en 1978, sans jamais à aucun moment renier une seule bribe de son abominable idéologie.

Adaptation allemande du très intéressant roman d’Olivier Guez « La Disparition de Josef Mengele », le film de Kirill Serebrinnikov est un (très) long métrage sur lequel il a y à la fois beaucoup à dire, et sur lequel on a dans le même temps bien du mal à se faire une impression. Sur la forme d’abord, la première chose est que le film est interminable. 2h16 de Josef Mengele, c’est long ! Le film n’en  finit pas, comme la misérable existence de ce sale bonhomme n’en finit pas non plus. Les scènes s’étirent, certaines sont étrangement longues (une table que l’on débarrasse après un diner, une ballade avec les chiens en forêts…) et on se demande quand même bien ce qu’elles peuvent apporter au propos. Kirill Serebrinnikov fait le choix du noir et blanc. Pourquoi ? Pour appuyer la lourdeur de son propos ? Pour bien montrer combien l’existence de Mengele en Amérique du Sud est une déchéance ? Part souci de rigueur et de pudeur ? Je ne sais pas mais après tout pourquoi pas. Au milieu du film la couleur apparait soudain, éclatante, rayonnante, quand il s’agit de montrer le bonheur d’un jeune couple pendant la Guerre, et surtout les camps. La couleur pour l’innommable, le noir et blanc pour la fuite pathétique d’un misérable nazi, la couleur pour l’Allemagne nazie, le noir et blanc pour l’Amérique du Sud multiculturelle écrasée de soleil : le contraste prends à la gorge. Les scènes filmées à Auschwitz (le tri à la sortie des wagons, les expériences scientifiques, les exécutions) sont irregardables. Je ne sais pas s’il s’agit de vrais films d’époque ou de reconstitution mais je ne veux pas le savoir, c’est in-sou-te-nable. Même en sachant toute l’horreur de son travail  même en ayant lu, vu, entendu ce que l’Ange de la Mort faisait sur les déportés, y assister de cette façon crue, chirurgicale, accompagné d’une musique omniprésente, c’était au dessus de mes forces et il a fallu que je me fasse violence pour ne pas sortir de la salle, ce qui ne m’arrive jamais ! La musique aussi m’a posé problème, surtout au début où elle est assourdissante, presque incommodante. Souvent la musique aura été utilisée de façon décalée, là encore pourquoi pas s’il s’agit de créer le malaise. Mais au vu de ce qui est raconté ici, distiller le malaise en plus par la musique et la couleur était-il vraiment indispensable ? Dernière petite chose sur la forme, quand on propose un film allemand, on sous titre les dialogues ET les phrases écrites de la fin, tout le monde ne parle pas la langue de Goethe. C’est le comédien August Diehl qui tient le rôle de Mengele à tous les âges (et le maquillage est impressionnant). Inutile de trop disserter sur les seconds rôles car c’est bien lui qui est au centre de l’image en permanence. Il incarne un Mengele qui passe par tous les états : arrogant, inquiet, dépressif, agressif, résigné, pathétique, tourmenté et il ne nous soutire jamais, ô grand jamais, la moindre petite parcelle de compassion et pour cela, August Diehl, je vous dis merci. Le scénario comme le roman avant lui remplis les blancs d’une existence post-guerre mal connue. Mengele vit caché en permanence, se sentant (à raison) traqué après la chute de Perón en Argentine. Parce qu’avant, point de vue salut nazis et croix gammée, c’est « open bar » en Argentine, personne ne se cache et les anciens nazis rêvent ouvertement du IVème Reich.  Après ce sera différent, l’Ange de la Mort aura mangé son pain blanc. Et la déchéance sera terrible, et parfaitement méritée. Jusqu’à son dernier souffle, il tiendra un discours nazis à son fils venus lui demander des comptes. Ce pauvre garçon, tourmenté de porter ce nom de famille, semble porter sur ses épaules toute la culpabilité que son père refuse d’endosser. Du soutient des dictatures sud américaine aux anciens nazis on ne saura rien, le film n’est pas un film politique. Il ne s’agit ici que de la descente aux enfers d’un salopard qui y est aujourd’hui pour de bon et pour l’éternité. Il y a dans ce film des petits passages étranges : chez le coiffeur le fils de Mengele se fait raser la tête par une main de déporté, des étoiles de David fleurissent ici ou là dans une fête de mariage brésilien, etc... Que penser ce cela aussi ? Je ne sais pas trop. Je ne sais pas trop quoi penser du film de Kirill Serebrinnikov, ni si je peux le conseiller ou pas : ce film est une sorte d’énigme que l’on n’a pas très envie de dénouer.

la bande annonce de "La Disparition de Josef Mengele"

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Bonjour, c'est vrai que ce n'est pas facile de chroniquer ce film mais je n'ai jamais oublié pendant la projection que ce n'est qu'un film. Je ne pense pas qu'il y avait des images d'archives. C'est insoutenable, c'est vrai mais j'ai trouvé que le réalisateur avait réussi à mettre de la distance dans ce qu'il décrit. Mais ce n'est pas un film facile. Bonne après-midi.
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