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Fiona, la petite soixantaine, une juge aux affaires familiales qui n’a pas peur des cas très délicats à trancher. Qu’il s’agisse de divorces complexes, de siamois à séparer, de gardes d’enfants dans des conditions sordides, Fiona écoute, soupèse, argumente et tranche en monopolisant toute l’humanité et l’intelligence dont elle est capable. Alors qu’elle et son mari traverse une crise conjugale inédite survient le cas d’Adam. Atteint d’une leucémie, Adam a besoin urgemment d’une transfusion sanguine, le jeune homme de 17 ans la refuse au nom des valeurs des Témoins de Jéhovah, et ses parents le soutiennent fermement. Contre toute attente, ce cas va faire vaciller Fiona.
L’écrivain britannique Ian McEwan, avec ce roman assez court, nous fait entrer dans le monde douloureux des affaires familiales. Lorsque les familles se déchirent, lorsque les intérêts des enfants sont douloureusement en jeu, la justice est l’ultime recours. Un certain nombre de cas sont tranchés par Fiona dans le roman, comme ce siamois qu’il faut sacrifier pour sauver la vie de son frère, ou cette petite fille juive que sa mère veut élever dans une certaine modernité et son père dans la tradition hassidique. Le véritable cas d’Adam n’arrive qu’au bout de quelques pages. Toute la réflexion autour de ce cas est intéressante, pleine de nuance et de précautions et jusqu’à la décision de Fiona, on comprend assez bien les enjeux. Ensuite, le roman part dans autre chose d’un peu moins convaincant. Déjà qu’il n’était pas aisé de comprendre ce jeune homme et sa foi, mais ensuite il devient encore plus difficile à cerner, limite inquiétant. Le roman se termine sur une note un peu étrange, un peu dérangeante et assez tragique. Ian McEwan essaie de décrire avec le plus de finesse possible la psychologie de ses deux personnages centraux Fiona et Adam, sans toutefois toujours parvenir à nous les rendre sympathiques et facile à cerner. Je suis mitigée sur ce roman par rapport à certain autres de ce même auteur. Je trouve qu’il débutait parfaitement bien mais qu’il s’est un peu perdu en route. Les 5 chapitres sont longs, il y a pas mal de digressions et de passages un peu accessoires sur le couple de Fiona, sa passion pour la musique, ses souvenirs, les affaires traitées par ses collègues. Cela donne une petite impression de « remplissage » parfois. C’est un roman intéressant par rapport aux enjeux évoqués, qui peut même susciter une vraie réflexion de fond. Mais c’est aussi un roman un peu déséquilibré dont on peine à saisir précisément ce qu’il cherche à prouver. Avis mitigé donc pour le roman de Ian McEwan, un auteur que j’affectionne malgré tout beaucoup.