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Les Dieux ne sont pas jouasses, Arthur a bien accompli son destin en renversant la tyrannie de Lancelot mais il a refusé de le mettre à mort, et il ne parvient pas à se défaire de ce sentiment d’autodestruction qui lui colle à la peau depuis 15 ans, depuis qu’il a compris que son règne était vain puisqu’il n’aura pas de descendance. Il traîne sa dépression en Carmélide, à la grande consternation de ses beaux parents. Lassés de ces atermoiements, Léodagan et Dame Séli prennent les choses en mains et convoquent une nouvelle assemblée autour la nouvelle table ronde faite de bois de récupération. Arthur se laisse convaincre de s’y asseoir et accepte mollement de la présider dans une perspective, non plus de gouverner le royaume de Logres, mais de pousser les chevaliers vers de nouvelles aventures, histoire de redonner un peu de sens premier à ce Destin qui semble lui filer entre les doigts.
« Allez en garde ma mignonne ! » 5 ans après avoir offert à son public le premier film qu’il n’osait plus espérer, voilà Alexandre Astier aux de retour aux manettes pour ce deuxième volet (partie 1) de 2h20. Si le premier film consistait à filmer le retour physique du héros, ce deuxième film prend le parti de montrer son retour moral. Suicidaire à la fin du premier volet, dépressif au début du deuxième, c’est peu dire que la remontée de la pente est difficile pour le fils Pandragon. Mais avant de parler intrigue, sous intrigues et scénario, il faut parler de la forme. Pas grand-chose à redire de ce coté là, honnêtement, le film étant à mes yeux encore plus maîtrisé que ne l’était le premier. Les décors, qu’ils soient naturels (Afrique du Nord, Islande, châteaux en ruine ou forteresses) ou qu’ils soient pensés pour le film (comme cette construction gigantesque en bois qui abrite la Table Ronde) tout est parfaitement mis en valeur. La photographie, les effets spéciaux plus nombreux, les costumes (de plus en plus travaillés, avec un petit côté gothique parfois, évidemment anachronique), la musique, tout est millimétré. Mention spéciale à la musique, qui est depuis le tout début un élément précieux pour « Kaamelott ». Cette fois-ci encore, la musique est omniprésente, mais elle habille l’image, elle ne prend jamais le pas sur elle. Alexandre Astier à la composition comme à la réalisation, c’est l’assurance d’avoir une bande originale qui ne se colle pas aux images, mais qui est pensée pour l’image bien en amont, à la quinte près. En tous cas c’est vraiment l’impression auditive que cela donne. Le casting est gigantesque et il serait vain de vouloir sortir qui que ce soit du lot. Certains personnages ont disparu comme le Roi Loth, le Seigneur Dagonet, le Père Blaise et bien sur Perceval/Provencal La Gallois/la Gaulois. Cette absence très commentée et vaguement compensé par des courriers (accompagnés de nourriture, ce qui est une fort mauvaise idée vu que la chaîne du froid n’a pas encore été inventée ! ) serre un peu le cœur de la fan de base, et c’est bien normal. Il y a autre chose de regrettable, c’est le remplacement d’Anouk Grinberg par Virginie Ledoyen dans le rôle d’Anna de Tintagel. Je n’ai rien contre Ledoyen bien au contraire, y compris dans ce rôle. Mais la façon dont Grinberg avait composé son personnage dans la série, telle une vipère, avec son phrasé lent et sifflant, était un bonheur qui fait ici un peu défaut. Mais il y a aussi des nouveaux arrivants, comme Haroun mais surtout Thomas VdB, qui tirent bien leur épingle du jeu et se sont lovés dans cette équipe très facilement. « Kaamelott- Deuxième volet – Partie 1 » est une succession d’intrigues menées en parallèles : Arthur en Carmélide (sa relation avec Guenièvre devient de plus en plus sincère et touchante), Karadoc et une petite équipe sur la piste du Graal en Sicile, des chevaliers novices à la recherche d’Yvain le Chevalier au Lion (enfin on reparle du mi-petit pédestre!), d’autre à la poursuite d’un dragon dans les terres glacées du Nord, d’autres encore en Orcanie pour surveiller les renégats. Et puis il y a Lancelot en mode « clodo » et le retour de l’âme noir d’Arthur, Méléagant. Tout cela se succède dans des scènes de plus en plus courtes, avec des transitions de plus en plus rapides de l’un à l’autre. Problème, certaines intrigues sont fortes, d’autres bien moins (comme la quête du dragon ou celle d’Yvain, qui tourne court) et on a parfois bien du mal à s’y retrouver, mais aussi à s’attacher, aux personnages récents, ces chevaliers novices qui n’ont pas encore l’écriture forte des personnages de la saga initiale. Il y a donc un déséquilibre qui dessert un peu le film. L’humour est là, toujours là, mais nous ne sommes plus dans les éclats de rire du petit écran. On a tous bien compris à présent que la franche rigolade, c’est terminé ! La noirceur (notamment la dépression du roi), l’omniprésence du Mal en la personne de Lancelot et des démons qu’il invoque, tout cela à nettement changé la couleur de fond de « Kaamelott », et il y a ceux qui adhèrent, et ceux qui n’adhèrent plus. Le non sens est plus rare, les insultes moins fleuries (rends nous le maître d’arme, Alexandre, s’il te plaît), les anachronismes moins absurdes, « Kaamelott » est devenue une saga d’aventure, une comédie épique, une fable mythologique plus qu’une pure comédie. L’action se termine très brutalement et le générique de fin déboule quasiment au milieu d’une scène, ce qui est frustrant et déstabilisant (le silence de stupeur dans la salle à cet instant est révélateur), j’avais la sensation que le film aurait duré le double du temps, je n’aurais pas moufté ! Le long métrage a beau avoir un peu de mal à démarrer, ensuite la succession des scènes de plus en plus courtes donne une impression de dynamisme qui rend la fin brutale... encore plus brutale. La suite est pour novembre 2026, il va falloir être patient. Mais c’est le propre du public de Kaamelott, la patience qui est, rappelons-le, un plat qui se mange sans sauce !