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Un point c'est (pas) tout

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Critique cinéma : Chien 51

Publié par Christelle Point sur 19 Octobre 2025, 15:25pm

Paris, 2045. Le problème de l’insécurité à été solutionné par l’Intelligence Artificielle, le programme ALMA qui gère les enquêtes le police, le fichage et le zonage de la population. En zone 1, centrale pour les ultras riches, ne subsistent que des gardes de sécurité privés, en zone 2 pour les classes moyennes la police s’en remet intégralement à ALMA et en zone 3, grande banlieue, immense zone de non droit, la police peine à faire régner un semblant d’ordre.  En pleine zone 1, le créateur d’ALMA est assassiné et l’enquête échoie à Salia (zone 2) qui s’adjoint de force un policier de zone 3, Zem, car le coupable ne peut venir que de la zone 3, bien entendu…

Cédric Jiménez n’a pas peur de grand-chose. En adaptant un roman d’anticipation de Laurent Gaudé, il nous offre un film noir ambitieux, nerveux et esthétiquement très soigné. Biberonné au cinéma américain, Jiménez en a adopté tous les codes pour le meilleur et le moins bon. Montage ultra musclé, scènes d’action nombreuses et parfaitement filmées, soin apporté aux décors, à la photographie, le film est parfaitement maitrisé et accompagné d’une bande son intéressante qui nous offre en point d’orgue une magnifique chanson de Pink Floyd, une de mes préférées. Alors bien-sur, le film à les défauts de ses qualités, comme on dit. Le curseur du son est parfois poussé au-delà du nécessaire (scène de début), il y a des ralentis un peu pompeux dont il aurait pu se dispenser, quelques lignes de dialogues un peu convenues et légèrement creuses qui peuvent faire tiquer. Mais honnêtement, le film ne nous laisse pas décrocher pendant 1h45. Au casting, on retrouve un duo en apparence très dissemblable, mais qui pourtant fonctionne très vite et très bien. Gilles Lellouche incarne Zem, policier de zone 3 sans ambition, insomniaque, un peu idéaliste, et beaucoup désabusé. Peroxydé, Gilles Lellouche trouve ici un rôle physique qui doit lui rappeler l’intensité du film « Kompromat », et il faut très bien le job, distillant un tout petit peu d’humour dans cet univers ultra noir. Adèle Exarchopoulos, moi je l’aime de plus en plus tant elle n’hésite pas à faire des choix de carrière audacieux, risquées et différents. Ici, policière solitaire, froide et cassante mais seulement en apparence, elle offre un visage humain à une police qui n’en a plus (du tout). Quelques seconds rôles gravitent autour du duo, parfois convaincant comme Artus (que je préfère quand il est comme cela, à contre emploi) ou Romain Duris, parfois moins comme Valéria Bruni Tedeschi ou Louis Garrel en révolutionnaire (christique, tellement christique qu’on flirte avec le ridicule dans la scène d’arrestation) qui est sans doute desservi par les dialogues un peu creux qu’on lui a donné à prononcer. Je n’ai pas lu le roman de Laurent Gaudé (mais du coup maintenant j’ai envie de le lire, évidemment, de ce point de vue je suis incorrigible !), aussi je me garderais bien de juger de la fidélité de l’adaptation. Sur le fond, le scénario ne semble pas aussi irréaliste qu’il en a l’air de prime abord. En 2045, l’IA a pris une telle ampleur qu’elle a modelé la société française (ici on en parle que de Paris mais j’imagine qu’il en est de même dans toutes les métropoles) en découpant les territoires en zones, ne faisant que finalement ancrer dans une réalité ultra tangibles les divisions territoriales et surtout l’écart de classe de 2025. Check point pour passer d’une zone à l’autre, fichage obligatoire de la population, drones policiers espionnant tout, tout le monde et tout le temps, jeux de TV réalité cyniques, « Chien 51 » ne fait que pousser un peu plus à l’extrême une réalité qui se dessine tout doucement sous nos yeux. De ce point de vue, le scénario n’invente rien de révolutionnaire, « Minority Report » ou certaine séries d’anticipation comme « Black Mirror » ont déjà bien balisé le chemin. On peut éventuellement deviner le dénouement de l’intrigue avant le coup de théâtre final, ou tout du moins l’entrevoir assez rapidement mais cela n’enlève pas à ce film l’intérêt ni la pertinence qu’il véhicule avec lui. Alors oui, le film de Jiménez a des faiblesses, quelques incohérences, quelques coïncidences bien pratiques, quelques exagérations dans la forme mais ce n’est pas cela qui gâche le plaisir. « Chien 51 » est un film ambitieux, qui a le mérite de dénoter un peu dans le cinéma français par son côté hollywoodien parfaitement assumé. Sans doute que cela ne plaira pas à tout le monde mais c’est un film populaire dans le sens qu’il est accessible au plus grand nombre et que m’intrigue, tout à fait intelligible, ne manque pas de pertinence.

La bande annonce de "Chien 51"

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