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Un point c'est (pas) tout

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Le coin des livres : Une Histoire Vraie

Publié par Christelle Point sur 16 Mai 2025, 15:31pm

Le 7 septembre 1900, la ville texane de Galveston envisageait l’avenir avec optimisme. Sur le point de dépasser sa voisine Houston dans tous les domaines, en pleine période dorée (The Golden Age) d’essor économique et technologique, elle se prenait même à rêver de concurrencer bientôt San Francisco ou Denver. Le 9 septembre 1900, détruite à 80 % et amputée de plus de 8000 âmes, elle n’était plus qu’un champ de ruine. Galveston ne s’en remettra jamais et ne deviendra, à terme, que « la station balnéaire de Houston ». La cause de ce cataclysme est un cyclone d’une violence inouïe que personne n’avait vu venir, ou plutôt que personne n’avait voulu voir venir.

« Une Histoire Vraie » est le premier roman d’Erik Larson, mais je n’avais pas encore eu l’occasion de le lire alors que j’aime beaucoup son travail. Je devrais mettre « roman » entre guillemets car Larson s’est fait une spécialité, en tant que journaliste, de raconter à la manière d’un roman un fait bien réel et ultra documenté. Il s’attelle ici à l’histoire de l’ouragan de 1900, le plus meurtrier de l’histoire américaine encore à ce jour, qui raya de la carte (ou peu s’en faut) la ville de portuaire Galveston au Texas. Il suffit d’aller sur Google Earth pour comprendre le cataclysme qui va advenir : situé sur une île, avec des habitations à peine au-dessus du niveau de la mer et en 1900, sans la moindre digue de protection, Galveston n’avait aucune chance. Mais elle avait Isaac Cline, le chef local du Weather Bureau, c’est le personnage central bien réel du roman. Il est à l’image de son époque, sûr de lui, des capacités technologiques et de l’essor des sciences, campé sur ses certitudes, il paiera le prix fort de son manque d’humilité et de clairvoyance. Bien que restant très factuel, le roman est sans concession quant à cet homme avant, pendant et surtout après le désastre. Dans toute sa première moitié, le roman se veut très technique et très scientifique, ce qui est assez rebutant pour le lecteur. Erik Larson va réitérer cette erreur dans « Les Passagers de la Foudre », certains passages sont à la limite du compréhensible pour le néophyte en climatologie ou en physique que nous sommes. Ultra documenté et très sérieux, Larson veut bien faire, mais cela est parfois limite contre productif. Heureusement, la seconde moitié du roman compense. En s’attachant au destin quelques habitants de la ville, il nous immerge (c’est le cas de le dire) dans un désastre que peu de films catastrophe pourraient dépeindre. L’après cyclone est également terrible, avec tous les cadavres à gérer (sous des températures caniculaires), les disparus à retrouver (ou pas) : partout des débris, partout le deuil. Découpé en 5 grandes parties, le roman est efficace à partir du moment, et c’est terrible de le dire, où le cyclone frappe de plein fouet et à pleine puissance la ville. L’ouragan de Galveston (force 4 sur une échelle de 5) peut être rapproché d’un autre désastre qui adviendra 12 ans plus tard : le naufrage du Titanic. La même foi aveugle en la technologie, le sentiment fallacieux de dominer la nature et les éléments amènera au même résultat. « Une Histoire Vraie » est plus que l’histoire d’un ouragan et d’une ville, c’est la peinture d’une époque qui croyaient tellement au progrès qu’elle négligeât la force des éléments naturels : l’effet boomerang fut, pour Galveston, définitif.

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