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En novembre 1939, l’immense URSS déclare la guerre à la toute jeune et fragile Finlande. Ce petit pays, indépendant de l’Empire Russe depuis moins de 20 ans, semble bien peu de chose devant l’Armée Rouge de Staline. Ce dernier, soucieux de monter sa force à l’Allemagne Hitlérienne, table sur 15 jours de combat tout au plus. Mais Staline sous-estime tout : la volonté des Finlandais, leur sens de l’honneur et du courage, les rigueurs de l’hiver, la sous- préparation de son armée. Et puis, parmi les jeunes soldats de Finlande il y a un très jeune homme, un fils de paysan qui a appris à tirer depuis son plus jeune âge. Ce sniper redoutable, les russes vont le surnommer « La Mort Blanche » et il va peupler leurs cauchemars.
Virage à 180 degrés pour Olivier Norek qui abandonne (temporairement j’espère) le monde du polar et du roman noir pour nous offrir un roman historique passionnant, diablement instructif et qui résonne étrangement avec l’actualité. L’Histoire de la Seconde Guerre Mondiale est tellement foisonnante, sur 6 années et sur tellement de théâtres d’opération que même quand on a beaucoup lu et vu que la question on peut toujours apprendre quelque chose. C’est le cas avec cette « Guerre d’Hiver » entre l’URSS et la Finlande, de novembre 1939 à mars 1940. Pendant la « drôle de guerre » chez nous, le peuple finlandais subissait une attaque aussi soudaine que déséquilibrée par son voisin russe. Désinhibé par le Pacte germano-soviétique, Staline pousse ses pions. Le roman nous amène alternativement dans un camp comme dans l’autre, au niveau des soldats comme dans les centres de commandement, avec même quelques incursions en France chez Daladier. Sur le front coté Finlande le roman s’attache à quelques personnages de la 6ème compagnie, celle du sniper Simo, de ses amis, de son supérieur (l’assoiffé de sang et alcoolique Juutilainen), de leur psychologie à tous. L’évolution du personnage de Simo, qui devient une machine à tuer alors qu’au départ c’est un jeune homme tout simple et gentil, un bon gars, ça fait froid dans le dos. Quel courage, quel sens de la débrouille de la part de cette petite armée mal équipée et qui tire parti de tout avec malice ! De l’autre côté, l’armée soviétique est mal préparée, minée par la terreur qu’inspire le commandement politique, décimée par les Grandes Purges, elle va morfler sacrément avant de parvenir à ses fins (parce que oui, historiquement, elle gagne cette Guerre, qui en aurait douté). Ce qui est frappant, c’est de voir l’Armée Rouge fracassée par une guerre hivernale, sous des températures presque inhumaines. C’est de voir surtout que tout ce qu’elle subit là, elle le fera subir aux soldats allemands à Stalingrad quelques années plus tard. Le roman pose la Guerre d’Hiver comme un épisode oublié mais pourtant fondamental du conflit. Les personnages sont formidablement croqués, ce roman historique se lit comme une fiction tant parfois les faits semblent fous (et pourtant je suis sure que tout est vérifié) et Norek apporte à son récit une petite pointe d’humour, un soupçon d’ironie qui fait mouche. On ne s’attendrait pas à rire franchement parfois pendant la lecture, mais cela m’est arrivé plusieurs fois ! Difficile de ne pas voir dans « Les Guerriers de l’Hiver » aussi un parallèle avec la guerre d’Ukraine, un pays clairement inférieur sur le papier et qui résiste et vend chèrement sa peau. Le personnage de Simo est vraiment intriguant, c’est un héros national en Finlande et sans cynisme aucun, je comprends : dans un autre temps il aurait pu être un champion olympique de tir à la carabine, mais le sort à voulu qu’il soit un petit caillou, un petit caillou dans la grande botte de l’Armée Rouge, un petit caillou qui gène tellement la marche en avant qu’on fini par ne plus penser qu’à lui.