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Un point c'est (pas) tout

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Blog sur tout ce qui rend la vie plus chouette...


Le coin des livres : Et Chaque Fois, Mourir un Peu - tome 1 : Blast

Publié par Christelle Point sur 4 Février 2025, 09:09am

La vocation chevillée au corps depuis toujours, Gregory parcoure le monde en tant qu’infirmier pour le CICR (Comité International de la Croix Rouge). Catastrophes naturelles, guerres fratricides, génocides, bombardements, il est de tous les fronts, il soigne toutes les douleurs, assiste à l’inimaginable, missions après mission. Tandis qu’il essaie de maintenir un semblant de vie familiale en France, Gregory ne se rend pas compte qu’il prend de plus en plus de risques.

Quand on entame un roman de Karine Giebel, il faut se mettre en condition ! Se préparer psychologiquement à une lecture qui sera éprouvante, et tout faire pour ne pas s’attacher aux personnages (et tous ceux qui connaissent cette auteure savent pourquoi !). « Et à chaque fois, mourir un peu » est le premier volume d’un série, ce qui est inhabituel chez elle. Ce premier volet se sous-titre « Blast » et c’est particulièrement bien choisi. Le héros du roman est un jeune infirmier idéaliste qui fait de la médecine humanitaire partout dans le monde. Le roman commence au début des années 90 pour se terminer au début des années 2000. On fait des sauts de puces dans le temps au fil des chapitres, missions après missions, entrecoupées de retour en France qui ne sont pas de moments de repos pour le pauvre Gregory. Attention, ce voyage au bout de l’enfer est sacrément difficile à lire car du Congo à Gaza, de Sarajevo au Rwanda en passant par la Tchétchénie, la Casamance ou le Libéria, les horreurs se succèdent dans une sorte de catalogue macabre, poussant toujours un peu plus loin le curseur de l’ignominie. Même si je sais bien que Giebel n’invente ni n’exagère rien, cette accumulation d’abominations met les nerfs du lecteur à rude épreuve, mieux vaut être prévenu. Gregory assiste à tout, assimile tout, encaisse tout mais son psychisme en souffre. Plus on avance dans le roman, plus il est en souffrance : alcool, hallucinations, insomnies ou sommeil peuplé de cauchemars terrifiants, automédication hasardeuse, il est comme une sorte de rocher en bord de mer. Les vagues d’horreurs de fracassent contre lui et érode sa santé mentale, chaque fois un petit peu plus. Le roman déroule plus de 10 ans de cette vie, 10 ans de traumatisme, et les traces sur Gregory sont de plus en plus visibles. Psychologiquement, le petit Anton qu’il a adopté est dans un état encore pire que lui. Ce petit Tchétchène, traumatisé par la Guerre à l’âge de 6 ans, développe une pathologie traumatique qui ne peut que mal finir. Ce gamin est tellement cassé qu’on pourrait légitimement le considérer comme perdu, ce à quoi Grégory refuse de se résoudre. La psychologie des personnages, de tous les personnages est au centre du roman qui est au final autant un roman sur l’humanitaire que sur le syndrome post traumatique mal/pas soigné. Il y a des chapitres courts ici et là où Grégory, enfermé et séquestré, envisage de se laisser mourir. Il ne faut pas être devin pour comprendre que ce sont des flashes forward qui nous laisse entrevoir la fin du tome 1, et sans doute une grande partie du tome 2. Quand, pour sa dernière mission Gregory est envoyé en Afghanistan  (après la chute des talibans en 2002), on sait qu’on ne s’est pas trompé et le dernier chapitre confirme tout : Gregory et son ami chirurgien Paul ont pris le risque de trop. Ca lui a pendu au nez tellement de fois dans les chapitres précédents qu’on n’est pas surpris. Attention : « Blast » est un roman à réserver à un lectorat prévenu et endurci car il ne laisse quasiment jamais de répits pour souffler.

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