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Au cœur de l’hiver jurassien, à cause d’un ours qui se trouvait en plein milieu de la route, Michel percute une voiture sur le bas coté et provoque involontairement la mort de deux personnes. Comme il n’est plus assuré, il n’appelle pas la gendarmerie. Lorsqu’avec son épouse Cathy il revient sur les lieux de l’accident, ils trouvent un sac rempli de billet dans le coffre de la voiture. Très endettés, Cathy et Michel décide de garder l’argent et de faire disparaitre les deux corps : une mauvaise décision, la première…
Devant et derrière la caméra, Franck Dubosc propose avec « Un Ours dans le Jura » une comédie (très) noire et très sanglante qui fonctionne pas mal, presque deux heures durant. Assez rythmé, agrémenté d’un humour noir efficace et quelques gimmicks bienvenus, « Un Ours de la Jura » ne manque pas non plus d’action. Une scène d’accident en début de film, après une course poursuite dans les bois avec un plantigrade gigantesque en guest star, et puis quelques morts violentes, le film de Dubosc peut par moment être assez impressionnant de maitrise. Pour ce qui se veut une comédie, le film n’a pas peur ni du sang ni de la mort, le tout accompagné d’un cynisme parfois déconcertant. Filmé dans un Jura hivernal sauvage, parfois un peu désolé mais parfois magnifique, accompagné d’une musique discrète et pas envahissante, « Un Ours dans le Jura » a le mérite de démontrer que derrière une caméra, Franck Dubosc n’est pas manchot. On ne va pas se raconter d’histoire, de ce point de vue son long métrage est un peu une surprise : audace, mauvais esprit, humour discret mais efficace (si l’on excepte deux ou trois gags un peu plus faibles), il bénéficie surtout d’une galerie de personnages bien croqués. Franck Dubosc est un Michel taiseux, maladroit et tourmenté par sa conscience. On a l’impression qu’il subit cette histoire rocambolesque bien plus que sa femme. Laure Calamy incarne quant à elle une Cathy bien plus cynique. Si les maladresses viennent de lui (taper « comment faire disparaitre un corps » dans un moteur de recherche), les mauvaises idées viennent surtout d’elle ! Comme elle lit beaucoup de polar, elle s’imagine pouvoir faire disparaitre des corps, elle pense déjouer la police scientifique (elle oblige son mari à effacer ses empreintes mais ouvre le coffre à main nues !), elle réfléchit à comment gérer une telle somme d’argent t liquide sans éveiller les soupçons. Scoop : malgré ses lectures, elle commet elle aussi erreurs sur erreurs. Laure Calamy, comme a son habitude, écrase la concurrence avec son talent et son charisme bien à elle. Benoit Poelvoorde et Joséphine de Meaux sont deux gendarmes de province. Comme ça, au départ, sous équipés et peu habitués aux crimes de sang, ils ont tout des gendarmes pas fut-fut et dépassés. Mais le scénario leur a offert des rôles moins idiots qu’il n’y parait. Tous gendarmes de province qu’ils sont, ils font le job. Toute l‘astuce du scénario est de nous laisser penser qu’on a faire à des bras cassés, jusqu’au moment où leurs déductions, leurs hypothèses visent justes. Dans tous les cas, les personnages de « Un Ours dans la Jura » sont multicouches : parfois ridicules, parfois émouvants parfois brillants, parfois courageux : ce sont des rôles bien écrits et ce n’est pas toujours le cas dans les comédies. Le scénario est un scénario de thriller bien sanglant mais assez facile à suivre, qui ne perd jamais les spectateurs au passage : entre le trafic de migrants, le trafic de drogue, les commanditaires, les exécutants, on est dans du polar pur sucre. Certes les méchants sont très méchants, un peu caricaturaux, mais ce n’est pas très grave. Alors bien-sur, comme je l’ai dit, certains gags sont plus « faciles » que d’autres, certaines incohérences sautent aux yeux, le scénario peut aussi faire preuve d’une certaine naïveté (le traitement des migrants par exemple) et on peut parfois deviner certains rebondissements qui, du coup, n’en sont plus réellement, mais cela ne gâche pas la bonne impression d’ensemble. Les comédies françaises ne sont pas souvent à la hauteur des attentes, et les comédies noires assumées ne sont pas légion. Mais l’humour noir, quand c’est bien dosé, c’est l’humour le plus efficace qui soit. « Un Ours dans le Jura » n’est sans doute pas la comédie de l’année mais elle est et restera une bonne surprise et un moment de cinéma (très) sympathique.