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Une expédition scientifique basée en Antarctique découvre par hasard un signal qui semble émaner de dessous l’immense couche de glace. Lorsqu’elle creuse pour découvrir l’origine de ce signal, elle tombe sur ce qui ressemble une construction humaine : un escalier. Trouver ce genre de construction sous la glace de l’Antarctique n’a aucun sens : une opération scientifique mondiale est mise sur pied et des savants du monde entiers débarquent en avion. Ce qu’ils vont découvrir remet en cause tout ce que l’on croyait savoir du passé de la Terre.
René Barjavel est le père de la science-fiction française et « La Nuit des Temps » est un de ses plus grand succès littéraires. Tout le début de l’intrigue est à la fois très intriguant, c’est le cas de le dire, et agréable à lire. Les savants creusent, tombe sur des objets successifs qu’ils doivent à la fois percer et sauvegarder, et cela en dépit de leur sensibilité humaines et politiques. Ils ont nombreux, il y a des occidentaux, les soviétiques, des asiatiques, le monde entier est présent et doit collaborer sous le regard d’une presse internationale avide de sensationnalisme. Et puis le consortium de savants découvre deux humains endormis, nus et la tête recouverte d’un casque doré. Ils n’ont pas les moyens techniques de réanimer les deux, il faut choisir par lequel commencer : c’est là le point de basculement du roman. A partir de là, « La Nuit des Temps » devient le récit totalement fou de deux civilisations de plus de 900 000 ans, qui avaient une géographie, une géopolitique, des technologies ultra avancées et qui se sont engagées dans une guerre totale provocant leur disparition a toutes les deux et le recul de la civilisation humaine. Le roman a été écrit en 1967, et Barjavel n’a jamais fait mystère de s’être inspiré de la Guerre Froide et la peur de l’apocalypse nucléaire. Le roman est bien ancré dans son époque : affrontement Est-Ouest, émergence du Tiers Monde, premiers soubresauts des révoltes étudiantes et ébauche d’un antimilitarisme « Flower Power ». Mais il est aussi étrangement visionnaire comme peuvent l’être les romans de science-fiction : machine à traduire, intelligence artificielle. Pour ce qui est du reste, on est clairement dans la pure SF avec une touche de surnaturel : télépathie, bases spatiales sur la Lune et sur Mars, arme solaire… Il faut parfois se faire un peu violence pour ne pas sourire devant un récit qui frôle le farfelu. «La Nuit des Temps » est aussi une jolie histoire d’amour (avec quelques scènes un petit peu osées) entre Eléa et Païkan, des amoureux éperdus (et perdus) qui ne sont pas sans nous évoquer Tristan et Iseult, Adam et Eve ou encore Roméo et Juliette. Alors j’avoue que parfois j’ai eu du mal avec ce roman, que j’ai pu trouver dans sa seconde partie un peu trop bizarre, un peu trop fleur bleue, un peu trop verbeux aussi. Il a failli me tomber des mains à plusieurs reprises mais je me suis accrochée et je suis allée au bout de ce récit très déroutant. Il faut, pour l’apprécier, accepter d’entrer dans ce monde improbable. Ceci dit, les réflexions de Barjavel sur la géopolitique de son temps sont pertinentes, il y a des traits d’humour réussis et en fond, une vraie intention à la fois politique et métaphysique. Mais je ne suis pas certaine que cela convienne à tout le monde.