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Scott King revient, avec au menu de son nouveau podcast « Six Versions » : une ville déprimante du nord de l’Angleterre, un vampire légendaire venu de Sibérie, une vague de froid, des marginaux, une influenceuse très populaire, un challenge débile sur le net, une tour délabrée, un meurtre, 3 pauvres types en prison, et, comme d’habitude, une histoire bien moins binaire qu’il n’y parait.
« Six Version – Le Vampire d’Ergarth » est le quatrième volet de la série de podcast de Scott King, et à ce jour c’est le dernier disponible en langue française. Après le gros bouleversement intervenu dans le podcast précédent concernant Scott King lui-même (voir « le Disparu du Wentshire »), cette fois-ci il enquête lui-même, sur place, sans se cacher au téléphone ou en vision conférence. Cette fois-ci, le narrateur se confronte les yeux dans les yeux avec ses interlocuteurs, et d’une façon ou d’une autre, il ressent leur témoignage avec davantage d’acuité. Sur la forme, tout est toujours aussi prenant. Chaque gros chapitre se compose de l’interview d’un protagoniste (un pompier, une camarade de classe de la victime, son frère, ses parents…) et intercalé entre, des extrait des vidéos d’Elizabeth Barton préparant le défi idiot qui lui coutera la vie (comme un compte à rebours). Les personnes interrogées sont en police normale, les interventions de Scott King (parlées ou en réflexions) en italique. Le tout est monté comme un bon film, de façon dynamique. On tourne les pages avec avidité, en imaginant que chaque nouveau paragraphe va apporter un indice supplémentaire au vaste tableau de la mort d’’Elizabeth. Sur le fond, on a toujours les éléments de base de « Six Versions » : la touche de surnaturel en surface, une histoire en apparence binaire et que personne avant lui n’a réellement creusé (ni la police, ni la justice ni la presse), la perversité des réseaux sociaux (très important ici), et des personnages multi facettes, multicouche on pourrait dire. Sans en dire trop, on se rend compte que les coupable n’étaient pas que des brutes sans cervelle, la victime pas qu’une jeune fille délicieuse et empathique, que beaucoup de ceux qui savent des choses soit sur eux, soit sur elles refusent d’en parler. Lors du dernier chapitre, une théorie se profile, sur « qui a fait quoi », ou plutôt « qui à fait faire quoi à qui ». C’est assez embrouillé au final, surtout que comme à chaque fois, les interlocuteurs de King donnent une version subjective, parfois tronquée de leur vérité. Ce roman comme les autres de la série, c’est une forêt dense dans laquelle parfois on a du mal à se repérer, et à repérer la vérité. Surtout que les dernières pages, en forme de retour d’outre-tombe, n’est pas très clair et n’apporte pas vraiment la lumière espérée. Ce qui est limpide en revanche, c’est la critique de la jungle des réseaux sociaux ou tout n‘est qu’apparence et cynisme. Elizabeth était une influenceuse très populaire (qui savait très bien se mettre en scène) et avait une armée de fans qui se comporte en meute. L’importance de cette meute est cruciale dans l’intrigue et explique la peur que certains interlocuteurs éprouvent encore pour Elizabeth, même plusieurs années après sa mort. C’est un roman efficace et qui confirme que la série « Six Versions » est une série de qualité, originale sur la forme, toujours pertinente sur le fond.