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En 1999, la jeune et très jolie Alaska Sanders a été retrouvée assassinée dans la petite ville de Mount Pleasant dans le New Hampshire. L’enquête a été vite bouclée, le petit ami Walter Carrey, principal suspect, est mort et son complice a été condamné à la prison à vie. Ce dernier, Eric Donovan, clame néanmoins son innocence depuis son arrestation : il a été contraint de plaider coupable pour éviter la peine capitale, mais il se dit innocent envers et contre tout. Dix ans plus tard, alors que l’écrivain Marcus Goldman rend visite à son ami policier Gahalowood (avec lequel il a enquêté sur l’affaire Harry Quebert), l’affaire rebondit de façon inattendue.
« L’Affaire Alaska Sanders » prends plus ou moins la suite de « La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert », même personnages, même ambiance et même décors, ou presque… Marcus Goldman désormais célèbre, continue de trimballer son mal être et ses problèmes d’inspiration. C’est en revoyant son ami policier Gahalowood qu’il s’intéresse à cette vieille affaire de meurtre qui vient de rebondir. L’intrigue en elle-même, qui fait un peu penser à « Twin Peaks » (le surnaturel en moins), met en scène un cold case avec une victime jeune, jolie et que tout le monde adorait. Or, la nouvelle enquête menée par un trio (Goldman, Gahalowood et Lorraine Donovan, la sœur du complice condamné) débute par une révélation : les aveux de Walter Carrey n’avaient en réalité aucune valeur. Commence alors une investigation longue, complexe et qui réserve, c’est bien normal, son lot de fausses pistes, de rebondissements et d’impasses frustrantes. Prise dans son ensemble et jusqu’à la révélation finale, elle nous aura copieusement baladée, cette intrigue en forme de casse-tête. Bourrée d’apartés fréquents sur Goldman, ses états d’âmes, son passé, sa famille, ses amours, son succès, il faut parfois s’accrocher pour ne pas de perdre dans le nombre de personnages, leurs mensonges, leurs non-dits et leurs revirements. C’est une intrigue policière touffue, qui ne manque pas d’intérêt mais qui exige une lecture attentive et soutenue. Je retrouve malgré tout chez Dicker les petits travers qui m’avaient exaspéré dans « L’Enigme de la Chambre 622 », son emploi daté du passé simple (« Nous nous mimes en route » !) et surtout ses allers-retours incessants entre passé et présent. C’est encore une fois un va-et-vient permanent, avec même des flachs back à l’intérieur des flashs back ! C’est bien simple, il ne peut pas relater des faits passés en les faisant évoquer par ses personnages, il lui faut impérativement les raconter in situ. C’est valable pour l’intrigue principale comme pour les apartés, et cela ne favorise pas (du tout) la fluidité de l’intrigue. Cette construction mine un peu l’efficacité de l’intrigue et c’est dommage car le moins que l’on puisse dire est que le dénouement et une vraie surprise, plutôt bien amenée de surcroît. L’ensemble est plutôt crédible, même si la construction est complexe l’histoire tient bien debout. En résumé, si on peut supporter d’être baladée en permanence entre passé et présent, si on s’oblige a être un peu attentif à tous les détails de l’« Affaire Alaska Sanders », si on est indulgent avec les innombrables apartés et autres autoréférences de l‘auteur, alors on peut s’amuser avec cette intrigue bien troussée.