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Un point c'est (pas) tout

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Blog sur tout ce qui rend la vie plus chouette...


Le coin des livres : Un Oeil dans la Nuit

Publié par Christelle Point sur 23 Juin 2024, 09:12am

Une jeune étudiante en cinéma obtient un rendez-vous avec un réalisateur de cinéma à la réputation sulfureuse. Morbus Delacroix a réalisé des films d’horreur de plus en plus outranciers jusqu’à un film maudit jamais sorti en salle, « Orpheus ». Depuis il vit en reclus dans les Pyrénées et refuse toute interview. Ce rendez-vous est donc une sacré aubaine pour Judith, mais pourrait s’avérer être aussi un piège. A Toulouse, dans un hôpital psychiatrique, un malade en a tué un autre avant de s’enfuir, et le commandant Servaz est chargé de l’enquête. Une enquête de plus pour Servaz et son groupe, ou une enquête de trop ?

La dernière enquête de Martin Servaz (à ce jour, car la fin ne laisse aucun doute sur le fait qu’elle va continuer) va choquer les fans de la saga et ils n’en sortiront pas indemne. L’intrigue navigue dans les eaux troubles du cinéma de genre, et plus particulièrement du cinéma d’horreur. C’est un sujet sur lequel Bernard Minier a visiblement beaucoup travaillé car, dans le roman, les références cinématographiques sont nombreuses et, pour ce que j’en sais, plutôt pertinentes. Evidemment, ce type de cinéma véhicule pas mal de clichés et d’idées reçues sur lesquelles le roman navigue allègrement, c’est de bonne guerre : films maudits (« Poltergeist », « l’Exorciste »), snuff movies, rumeurs de tournage plus ou moins glauques etc... Comme souvent, l’intrigue est double au départ. D’un côté le réalisateur d’ « Orpheus », un réalisateur qui met particulièrement mal à l’aise (il est détestable, hautain, et surtout malsain), reçoit la visite d’une jeune étudiante. Pendant tous les premiers chapitres on se dit que la jeune Judith se jette bêtement dans la gueule du loup et que le roman n’est pas très subtil. Mais c’est trompeur, cette intrigue là va finir par s’étoffer jusqu’à un rebondissement, que j’avais quand même vu un peu venir. L’autre intrigue consiste en une enquête sur la mort suspecte d’un, puis de deux, puis de trois techniciens de cinéma ayant œuvré eux aussi sur le film maudit de Delacroix. Cette intrigue là est plutôt conventionnelle mais assez réussie, les éléments s’enchainent, le tout se suit avec intérêt. Cela dit, cette partie de l’intrigue nous réserve un coup de théâtre qui s’avère aussi choquant qu’inattendu. Je n’en dirais rien de plus sauf que la saga « Servaz » ne sera définitivement plus jamais la même après ce choc. C’est rare qu’un écrivain de roman noir ose faire quelque chose de ce type, surtout quand il a patiemment construit, livres après livres, une saga cohérente et populaire. Les deux intrigues se rejoignent après ce moment (assez terrible, je préviens les fans) pour donner une fin qui déçoit un tout petit peu. Cette fin, pleine de révélations plus folles les unes que les autres, flirte avec le « to much » à mon sens. Une révélation c’est bien, deux c’est encore bien, à partir de trois, l’effet « waouh » est  amoindri. Ici, j’en ai compté 4 dans les 10 derniers chapitres, c’est un peu trop, ça finit par le plus faire très crédible ! Le tout dernier, en plus, on le sens venir de tellement loin que ça fait plus soupirer qu’envie, à mon sens. Le roman se termine en pleine action, avec plein de questions non résolues sur la vie privée de Servaz, c’est pour cela que je ne doute pas une seule seconde que la saga va se poursuivre. Pourtant, au milieu du roman, je n’aurais pas parié dessus, mais Bernard Minier ne peut pas abandonner le héros récurent qui a fait son succès du jour au lendemain. Ce roman est indéniablement, en dépit de ses petits défauts, un des plus réussi de la saga, d’abord parce que l’intrigue est bien menée en dépit de quelques outrances, et parce que Servaz à mis un peu d’eau dans son vin sur son côté « vieux c.. ». Et puis, aussi charmant qu’inattendu,  il y a un mini cross over dans le livre, avec un autre héros récurent d’un autre écrivain à succès. Je laisse aux amateurs du genre le plaisir inattendu de voir deux personnages bien connus se saluer devant une machine à café.

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