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Un point c'est (pas) tout

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Critique cinéma : Le Tableau Volé

Publié par Christelle Point sur 12 Mai 2024, 14:26pm

Lorsqu’André Masson, commissaire-priseur dans une grande galerie parisienne, est sollicité pour venir voir un tableau d’Egon Schiele dans la banlieue ouvrière de Mulhouse, il croit évidemment à un faux et à une perte de temps. Mais une fois sur place avec son ex-femme (qui fait le même métier), il est bien obligé de constater que ce tableau est authentique. Disparu en 1939, réputé détruit, il a en fait été conservé par un ancien collabo et c’est le jeune Martin qui en a hérité avec la maison en viager. Cette œuvre spoliée, André veut la vendre le plus cher possible,  au profit des héritiers légitimes, mais aussi au bénéfice de Martin. Pour ce dernier, ouvrier, célibataire et modeste, ce tableau représente presque davantage une source d’angoisse qu’une source de profit potentiel.

Le film de Pascal Bonitzer ne respire pas la modernité dans la forme, c’est sur. Il suffit de voir la bande annonce, l’affiche ou même le titre, tout est simple, académique, presque un peu daté. S’il a la bonne idée d’être court (1h30) et plutôt sans temps morts, on est quand même devant un film sans aucune aspérité. Pas de bande originale notable, pas de montage audacieux, d’effets de caméra originaux. Pascal Bonitzer efface totalement son travail derrière son sujet, et après tout pourquoi pas. Il y a parfois des réalisateurs qui « se regardent filmer », alors pourquoi pas un peu de simplicité et de modestie. C’est un peu pareil pour le casting, emmené par un Axel Lutz assez convainquant. De prime abord détestable, imbu de sa personne et cassant, il finit par s’adoucir au fil  des scènes. Et je trouve qu’il est finalement assez crédible dans ce rôle de commissaire priseur. A ses côtés, on trouve Léa Drucker, qui me parait un tout petit peu sous-employée, et Nora Hamzaoui. Cette dernière, qui fait le trait d’union entre deux mondes, est assez fantasque pour susciter la sympathie tout en restant crédible. Et puis il y a Arcadi Radeff, dans le rôle du jeune Martin, écrasé et terrifié par ce tableau accroché aux murs dont il a hérité et qui découvre, effrayé, ses origines, et aussi le pouvoir destructeurs de l’argent colossal qu’il représente. Il aurait peut-être pu être écrit un peu autrement ce rôle. Non pas que son honnêteté paraissent peu crédible, pas du tout. Mais on regrette un peu qu’e le personnage le plus honnête du lot ne soit pas assez mis en valeur, tout bonnement.  Le personnage le plus étrange reste la stagiaire Aurore, incarnée par Louise Chevillote. Menteuse pathologique, cette jeune femme  semble prendre une place démesurée dans le film. On comprend mal, même une fois le film terminé, pourquoi le scénario a pris autant de temps sur elle, ses états d’âmes, ses problèmes familiaux. C’est comme une histoire dans l’histoire qui prendrait un peu trop de place. Le scénario est basé que le choc de deux  mondes qui n’ont d’habitude aucune raison de se côtoyer. D’un côté, le monde les marchants d’arts, des ventes aux enchères, des millions, des rémunérations au pourcentage et des droits de succession. De l’autre côté, le monde ouvrier, des gens qui sont amis, jouent aux cartes, jouent aux jeux de la Française des Jeux, et grattent du Francis Cabrel sur leur guitare. La rencontre entre ces deux mondes, dont l’un est présenté comme le négatif de l’autre, est un choc pour le pauvre Martin. Lui est honnête, aime sa mère et ses amis, aime sa vie et son travail et il se retrouve propriétaire d’un tableau volé par les nazis, qui vaut 10 à 12 millions d’euros et qui vient faire entrer dans sa vie l’argent, mais aussi la convoitise, le double jeu, la trahison et les magouilles. Ce désarroi qui est le sien, et qui parfaitement compréhensible ,il est assez bien rendu je trouve, par exemple dans le fait qu’il laisse croire à ses amis qu’il est estimé à 12 000 € et non à 12 millions, pour espérer mieux gérer la situation. De l’autre côté, le monde des marchants d’arts est montré sans aucune complaisance. C’est objectivement un monde que 99% d’entre-nous ne connaissent pas, et qui une fois le film terminé, n’a pas été présenté sous un jour très favorable. Entre les deux, il y a le personnage de Maitre Egerman, commissaire priseur mais dans la région de Mulhouse, elle a la fraicheur de la province, sa spontanéité, et en même temps c’est elle qui fait ce qu’il faut pour que Martin ne soit pas oublié au passage. Vrai trait d’union entre les deux mondes, trait d’union indispensable pour les deux partis, je me demande si son rôle n’est pas au final plus important que celui de Léa Drucker. « Le Tableau Volé », film sans prétention mais soigné et instructif, vaut essentiellement pour le coup de projecteur sur un monde presque inconnu, mais aussi pour la mise en avant de l’honnêteté. Par le personnage de Martin, c’est toute l’honnêteté des gens simples qui est mise à l’honneur. D’aucun pourrait trouver cela naïf, moi je trouve cela assez rafraichissant.

La bande annonce du "Tableau Volé"

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