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Un point c'est (pas) tout

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Le coin des livres : M-Le Bord de l'Abîme

Publié par Christelle Point sur 10 Avril 2024, 15:00pm

En acceptant ce poste prestigieux à Honk-Kong, dans l’entreprise Ming, Moira n’accepte pas seulement un travail très bien rémunéré dans la plus grande entreprise high- tech d’Asie. Son travail consistera à améliorer DEUS, l’assistant conversationnel ultime, l’IA au service la plus avancée du monde. Un job ultra bien payé, dans un pays fascinant et pour le compte d’une entreprise à la pointe, Moira n’a que des raisons de se réjouir. Elle ignore encore que les morts violentes sont légions chez Ming, et que DEUS n’y est peut-être pas pour rien.

Bernard Minier abandonne un peu son héros récurrent Martin Servaz pour nous emmener à Honk-Kong, dans le milieu de la tech. Dans « M, le Bord de l’Abîme », il met en scène une jeune française, Moira, qui joue le rôle de la candide dans le monde utra policé de l’entreprise Ming. Ming est un acteur comparable à Google, dans le roman, mais chinois. Cette mentalité chinoise, si particulière, si différente de nos « valeurs occidentales » (pour lesquelles elle semble avoir beaucoup de mépris) n’est pas l’aspect le moins intéressant du roman. En réalité, l’intrigue policière en elle-même n’est pas ce qui m’a le plus passionné. Elle est bien menée, avec ses fausses pistes, son suspens (ah, le typhon qui s’annonce et qui va donner une toile de fond dramatique aux derniers chapitres!) et sa révélation finale, qu’on sentait venir un peu quand même. Le coup de théâtre qui accompagne ce dénouement m’a apparu comme légèrement éculé, on est loin de « L’effet Waouh ! ». Ce qui fonctionne mieux, en revanche, ce sont tous les passages sur les différences entre les mentalités chinoises et occidentales, les rivalités économiques qui prospèrent dessus. Et puis Bernard Minier est fidèle à son créneau, il creuse son sillon « La Modernité, c’est le Mal ». Partant d’un constat difficilement contestable (harcèlement en ligne, dépendance aux écrans, fracture numérique), Minier taille un short à l’Intelligence Artificielle. DEUS, cette IA surpuissante, véhicule de manière insidieuse le Mal, s’attaque aux valeurs fondamentales (les nôtres, les occidentales), promeut les idées radicales sous prétexte qu’elles sont majoritairement répandues, légitime les fake news, bref : c’est le pied d’appel d’un fascisme mondialisé en devenir. Sans contester fondamentalement l’idée, c’est un tableau apocalyptique que nous peint Bernard Minier, sans doute un tout petit peu excessif, un tout petit peu caricatural. Dans sa forme le roman n‘est pas difficile à suivre, le style est sympa quoi qu’un tout petit peu sur-écrit comme d’habitude, certaines descriptions sont trop longues, trop détaillées, et sans grand intérêt. Pris dans son ensemble le roman se laisse lire, il remplit son office en nous faisant un peu flipper (pour Moira et aussi – surtout- pour le futur), mais il n’a pas la puissance d’un roman comme « Lucia ». C’est peut-être la faute aussi de son héroïne, Moira, plus lisse, à la personnalité moins affirmée. « M. le Bord de l’Abîme » est néanmoins un roman accessible à tous, y compris aux lecteurs allergiques à la technologie. Minier prends bien soin d’être pédagogique pour nous amener par la mains dan le monde un peu magique de l’Intelligence Artificielle, et on a l’impression de tout comprendre, sur ce sujet, c’est déjà une petite performance.

 

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