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Parce qu’elle a vu le visage du traitre qui a ourdi l’attentat manqué contre Louis XIII, Constance Bonacieux à disparu. Son prétendant D’Artagnan va remuer ciel et terre pour la retrouver avant qu’il ne lui arrive malheur. De la Rochelle à Londres, seul ou accompagné de Porthos, Aramis ou Athos, il affronte Milady et son mentor, le Cardinal de Richelieu. Et cette quête se déroule au cœur d’un Royaume de France grandement menacé par la Guerre civile entre les protestants séparatistes d’un côté, les ultras catholiques de l’autre et la Monarchie au milieu.
Deuxième volet du remake moderne des « Trois Mousquetaires », quelques mois après « D’Artagnan », Martin Bourboulon nous propose « Milady ». Je dis « deuxième » et non « second » car la fin ouverte de ce long métrage laisse entrevoir une suite éventuelle, ce qui n’est pas impossible au regard de l’œuvre originale. Apparemment tourné en même temps que le premier volet, « Milady » part bille en tête et prends immédiatement la suite du premier film avec juste un tout petit résumé de quelques minutes au début. Ce « résumé de l’épisode précédent » n’était pas superflu car l’intrigue est déjà mal complexe, et plusieurs mois se sont écoulés entre les deux films. D’un point de vue technique et visuel, on est évidement dans le tempo du premier volet. C’est trépidant, le film part pieds au plancher et ne relâche jamais le rythme, à part peut-être pour quelque scènes de tendresse avec Athos et son fils, ou pour la mort de Constance. Sinon, ça courre beaucoup, ça se bat souvent. Les acteurs ne ménagent pas leur peine, les rôles sont ultra physique, notamment pour François Civil. Il y de jolis plans dans des décors superbes, de beaux travelling, une musique assez agréable (quoiqu’un peu envahissante mais pas assourdissante) et quelques scènes particulièrement soignées. Le siège de la Rochelle par exemple, même s’il n’est pas aussi impressionnant que la bataille de Toulon filmée par Ridley Scott dans « Napoléon », cela reste très ambitieux pour un film français. J’ai aussi beaucoup aimé le combat à l’épée au milieu des flammes, une scène probablement très difficile à mettre en place, à filmer et à jouer. Juste un petit truc qui finit par devenir pénible à force d’en abuser : la caméra à l’épaule pendant les duels à l’épée. Je sais que cela donne du rythme, permet de magnifier les chorégraphies du duel, mais au bout de quelques minutes, difficile pour le spectateur de ne pas avoir un peu le tournis ! Le film est là encore plutôt bien dialogué dans un langage suffisamment élégant pour ne pas « jurer » mais aussi parfaitement compréhensible. Personne ne parlait probablement comme ceci à l’époque mais c’est l’anachronisme le plus inévitable : il fallait bien sur que le film soit accessible à toutes les oreilles, même les jeunes oreilles à qui Martin Bourboulon entends faire connaitre Alexandre Dumas. François Civil campe décidément un d’Artagnan assez craquant, avec sa jolie mèche rebelle et son regard farouche, il ne s’en faut de pas grand-chose pour qu’il éclipse Vincent Cassel, Romain Duris et surtout le pauvre Pio Marmaï dont le rôle est toujours aussi anecdotique. Si Romain Duris et surtout Eva Green (magnifique dans ce deuxième film) ont un peu plus à se mettre sous la dent, Pio Marmaï-Porthos est à ce jour le grand sacrifié de cette adaptation. Et en tant qu’admiratrice de Pio Marmaï, je ne peux que le déplorer. Sinon, les seconds rôles sont toujours parfaitement tenus par Lyna Koudry (toujours un peu tendre) et surtout Louis Garrel qu’on aurait aimé voir plus en Louis XIII, il n’a qu’une poignée de scène dans ce deuxième film. Mes souvenirs de l’œuvre de Dumas sont ce qu’ils sont, c'est-à-dire lointains. Mais j’ai quand même l’impression que « Les Trois Mousquetaire – Milady » tord un peu le bras du roman. J’imagine que moderniser Dumas est à ce prix. En revanche, c’est le cou de l’Histoire de France qui est méchamment tordu encore une fois. L’alliance entre les ultra-catholiques et les insurgés protestants de la Rochelle, le Prince d’Abyssinie présent dans les rangs des Mousquetaires, le complot de Monsieur, le terme « républicain » accolé aux protestants, tout cela est grandement fantaisiste quand même. Et je ne parle pas d’une Anne d’Autriche à l’accent germanique ! Alexandre Dumas avait déjà beaucoup « arrangé » l’Histoire du règne de Louis XIII, dans son roman mais « Les Trois Mousquetaire – Milady » nous fait gravir une marche supplémentaire dans la fantaisie historique. Mais bon, il faut essayer d’être indulgent, ce film est destiné au grand public, il est écrit pour cela, filmé pour cela, je dirais même « formaté » pour cela. Il ne faut pas bouder son plaisir et accepter de payer sa place pour « Les Trois Mousquetaires – Milady », certes plein de petits défauts scénaristiques, mais rondement mené, très divertissant et indéniablement ambitieux.