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Un couple de retraité insiste pour rencontrer Konrad et lui demander son aide, ils étaient des connaissances de son épouse et par respect pour sa mémoire, il accepte. Ce couple est inquiet pour leur petite fille Danni, qu’ils ont élevé depuis la mort de leur fille unique, et qui est introuvable: la jeune femme se drogue, fréquente un garçon peut recommandable et il se peut qu’elle trempe dans un trafic en servant de mule. Konrad accepte de les aider. Parallèlement, la fille de l’ancien complice de son père (voir « Ce que savait la nuit »), Eyglo, le contacte pour lui demander elle aussi de l’aide, sur une très vieille affaire, une gamine de 12 ans retrouvée noyée en 1961. Cette gamine la hante depuis longtemps, au sens premier du terme… En apparence, il n’y a absolument aucun rapport entre ces deux affaires.
Deuxième incursion chez Arnaldur Indridason (et encore en livre audio, ce qui m’arrange bien pour tous les noms propres imprononçables et difficile à retenir !) avec ce roman qui prends immédiatement la suite de « Ce que savait la nuit ». Konrad avait pris contact avec Eyglo dans le livre précédent, mais c’était un peu anecdotique, c’était dans la cadre de l’enquête que Konrad mène sur son père, son passé d’escroc et sa mort. Eyglo est ici l’élément déclencheur d’une partie de l’ enquête : parce qu’elle a hérité des dons de medium de son père, elle « voit » Nana, la gamine de 12 ans retrouvée noyée en 1961 et qui continue inlassablement de chercher une poupée. C’est pour tirer enfin au clair cette histoire qu’elle se permet de solliciter Konrad, puisqu’à présent ils se connaissent mieux. Cette enquête là, qui est pour le coup un cold case, est vite passionnante et elle verse franchement dans le surnaturel, le spiritisme étant quel chose de visiblement très répandue en Islande. Mais cette enquête est compliquée, la mort remonte à longtemps, les témoins survivants sont rares, du coup Konrad doit interroger leurs enfants, des témoins indirects, et il progresse péniblement. Et puis il a l’autre enquête, celle qu’il ne mène pas vraiment sur la disparition de Danni mais qui s’impose régulièrement à lui (les grands-parents n’arrêtent pas de le solliciter). Cette intrigue là, à base de drogue, de trafiquants et d’overdose est beaucoup plus terre-à terre, et on a bien du mal à cerner son intérêt et la manière où elle va venir se heurter à la première enquête. Mais ça vient, doucement, par une voie détournée que l’on entrevoit dans les 10 deniers chapitres du livre. Sans trop en dire, « Les Fantôme de Reykjavik » brasse des thème beaucoup plus lourds que « Ce que Savait la Nuit », sur les violences faites aux femmes et aux enfants, dans une société islandaise qui de ce point du vue, n’a rien à envier aux autres ! Et puis, parallèlement à ces deux intrigues, le fil conducteur de Konrad sur l’histoire de son père continue de se dérouler, par quelques chapitres ici ou là, et ce qu’il apprend est de plus en plus noir, de plus en plus perturbant. Konrad va devoir affronter le souvenir douloureux de ce père tyran sur lequel, à mon avis, il n’a pas fini de découvrir des horreurs. Du coup, dans ce roman, il est nettement moins question de son fils et des turbulents petits-fils et il est aussi beaucoup moins question de ses rapports tendu avec certains de ses ex-collègues. Je découvre avec Indridason un auteur de romans noirs efficace et qui sait composer des personnages hauts en couleurs et/ou attachants (j’aime bien Eyglo et aussi Marta, la chef de la police au franc parler!). Vivement la suite, en audio-livre ou sur papier…