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Un point c'est (pas) tout

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Critique cinéma : Mystère à Venise

Publié par Christelle Point sur 21 Septembre 2023, 14:33pm

1947, Hercule Poirot est en retraite à Venise et n’aspire plus à résoudre le moindre mystère. Tout ce à quoi il aspire désormais, c’est au jardinage et à la dégustation de pâtisserie ! Une amie romancière parvient néanmoins à le convaincre de l’accompagner à une soirée particulière : une ancienne chanteuse d’Opéra organise une séance de spiritisme dans son palais vénitien, elle espère entrer en contact avec sa fille défunte. Poirot et son amie Ariadne Oliver ne croient pas au surnaturel et comptent bien démasquer la médium. Mais peu après une séance (très troublante, même pour les deux septiques), un meurtre est commis. Dans ce grand palazzo défraichis, isolé du monde par une tempête, tous les participants sont suspects. Poirot rempile…

Kenneth Branagh continue son chantier de modernisation du petit monde d’Agatha Christie. Après « Le Crime de l’Orient Express » et « Mort sur le Nil », il choisit, et c’est heureux, d’adapter une histoire bien moins connue d’Hercule Poirot. Du coup, contrairement aux deux films précédents, pas mal des spectateurs de « Mystère à Venise » ne savent rien à l’avance de l’intrigue et peuvent s’amuser à se laisser surprendre par les coups de théâtre. Si l’on s’attendait à voir Venise filmée sous tous les angles dans toute sa beauté et sans touriste, on risque d’être un peu déçu. Bien entendu, au début et à la fin du film on évolue dans la Venise d’avant le sur-tourisme et c’est magnifique. Mais 90% du film se déroule de nuit dans un palais vénitien isolé du monde par une tempête dantesque (c’est la nuit d’Halloween, bien entendu). Ce palais, qui est bien plus qu’un décor mais un personnage à part entière, est une petit merveille. Totalement dans son jus, livré aux caprices de la météo, défraichis et truffé de galeries et de bruits étranges, il a un passé tellement tragique qu’il est l’écrin idéal à des histoires de fantômes. A l’image de ce décor, le film est tenu d’une main professionnelle qui ne laisse pas grand-chose au hasard : Kenneth Branagh s’amuse à nous faire sursauter, appuie ses effets sonores (un peu trop parfois), choisis une musique adaptée et pas envahissante. L’intrigue se déroule de nuit dans un palais mal éclairé mais on n’a pas cette impression désagréable d’évoluer dans une obscurité pénible comme ça peut être le cas parfois au cinéma. Les effets spéciaux sont minimalistes (importance du son car Poirot entend des voix d’enfants à plusieurs moments clefs), Kenneth Branagh emprunte même quelques effet aux films d’horreur (le coup du miroir, c’est imparable). Toute l’intrigue baigne dans une ambiance surnaturelle très inhabituelle pour le personnage de Poirot, c’est pour mieux mettre sa sagacité à l’épreuve. Dans sa forme, le film est ultra maîtrisé et hyper pro. Sa réalisation manque peut-être malgré tout d’un peu de folie, tout est tellement bien fait que cela donne une impression d’un film-produit de grande consommation ! C’est un peu trop parfait, en somme…  Autour de Kenneth Branagh, qui continue de donner corps à un Hercule Poirot plus fragile, plus tourmenté que l’image que l’on avait de lui (dans les adaptations précédentes, au cinéma comme à la TV), on trouve un casting de premier choix. Branagh continue de faire son show un petit peu cabotin, avec son anglais mâtiné d’accent francophone à couper au couteau ! Camille Cottin, Jamie Dorman (méconnaissable), Tina Fey,  Michelle Yeoh (magnifique mais sous-employée), Kelly Reilly ou encore Kyle Allen composent une petite assemblée où tout le monde est suspect. Une séance de spiritisme impressionnante puis un meurtre, puis un deuxième : Poirot mène l’enquête comme à son habitude. Il interroge tout le monde séparément, prends des notes, les poussent dans leur retranchement avec un peu de provocation pour finalement faire éclater la vérité devant tous. Cette fois-ci, pour la spectatrice que je suis, c’est un vrai dénouement-surprise. Comme d’habitude, c’est parfaitement tordu et… il n’y a rien de surnaturel dans tout cela.  Enfin, là-dessus le scénario laisse planer un doute minuscule dans l’esprit cartésien du détective belge, on le sent légèrement ébranlé dans ses certitudes. Mais ce petit doute ne pèse pas grand-chose face au poids considérable de son ego ! Rien à redire sur le casting qui n’est composé que de très bons comédiens. Le scénario est du Agatha Christie comme on l’aime : le crime est spectaculaire et fort intriguant, les suspects nombreux et les plus suspects ne sont pas toujours les coupables loin s’en faut. L’intrigue se concentre sur quelques heures, les rouages de l’esprit de Poirot tournent à plein régime et nous, dans la salle, on se laisse emporter par ce mystère, cette histoire de fantômes, ces coups de théâtres qu’on n’avait pas vu venir et ce dénouement aussi imprévu que tragique. « Mystère à Venise », c’est du beau travail de professionnel pour amateur d’intrigue policière « à l’ancienne ». L’atmosphère particulière du lieu, comme à chaque fois, étant une vraie plus value pour le scénario. Le film n’est pas un chef d’œuvre du cinéma, le roman pas un chef d’œuvre de la littérature, mais « Mystère à Venise » est le mariage heureux de deux professionnels « so british » : Kenneth Branagh et Agatha Christie, le duo parfait pour un film policier au charme désuet, agréable et sans prétention.

La bande annonce de "Mystère à Venise"

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