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Un point c'est (pas) tout

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Blog sur tout ce qui rend la vie plus chouette...


Le coin des livres : Billy Summers

Publié par Christelle Point sur 26 Août 2023, 08:46am

Billy Summers, ex-sniper de l’US Army et vétéran d’Irak,  est désormais un tueur à gage d’un genre particulier : il n’accepte que des contrats sur des « bad guys ». Sur le point de raccrocher, il conclue son dernier gros contrat, tuer un type accusé de meurtre sur les marches du palais de justice d’une petite ville du Sud des Etats-Unis, juste avant le procès. En attendant que la date du procès soit programmée, il vit sous couverture dans la petite ville en question, sous les traits de David Lockridge, un écrivain. Comme le temps lui semble long, il se met réellement à écrire sa vie, et sympathise avec ses voisins. Le jour J arrive, et Billy est en place derrière la lunette de son arme…

Ce gros roman de Stephen King est en réalité le portrait d’un homme, Billy Summers. C’est son vrai nom car il en utilise plein pendant le roman, à cause de ses activités. Il y a l’intrigue principale, bien-sur, que l’on pourrait découper en trois grande parties. La première partie est assez fascinante, elle expose les longs préparatifs du crime pour lequel il a été engagé : toutes les précautions qui sont prises, tous les subterfuges à anticiper pour couvrir sa fuite le moment venu, sa méfiance instinctive envers tout et tout le monde l’amène à multiplier ses précautions jusque dans les tous petits détails. Pour se fondre dans le décor, il sympathise avec ses voisins, joue avec leurs enfants, plaisante avec des voisins de bureau, il sent lui-même qu’il flirte avec le danger, comme si sa couverture était trop parfaite. Puis, à l’issue d’un gros tiers du roman : le contrat est exécuté et Billy doit se planquer. C’est là que déboule l’élément imprévu, une jeune femme prénommé Alice, je n’en dis pas plus sur elle ni sur les circonstances de son arrivée. Il n’avait pas prévu de devoir gérer ce genre de « problème » mais il fait avec, c’est le sujet de la deuxième grosse partie. La troisième est plus courte, elle lève le voile sur les tenants et les aboutissants du contrat que Billy n’aurait pas du accepter (mais ça on le comprend très vite, tout comme lui) et le tueur à gage, ex-marine, règle ses comptes jusqu’au commanditaire. Et puis, inséré tout au long du roman, il y a l’histoire que Summers couche sur le papier (ou plutôt tape sur son ordinateur), son histoire : son beau-père violent, sa mère alcoolique, la mort tragique de sa sœur, le foyer, puis l’armée et enfin : l’Irak. On ne comprend pas Billy Summers, sa personnalité duale (je tue froidement, mais je ne tue que les gens qui le mérite vraiment) si on n’a pas tous ces éléments. Ils ne sont pas là juste pour ça mais cet aspect là importe beaucoup. Pour la première fois, je crois, King évoque la guerre d’Irak et le piège poisseux que ce fut pour l’armée américaine. Il le fait par petites touches, mais sans manichéisme. D’ailleurs, le roman tout entier est bien ancré dans son époque, nous sommes sous la Présidence Trump (et King n’aime pas Trump, il ne manque jamais une occasion de lui tailler un costard), et l’intrigue met en scène un magna des médias, tendance très à droite (genre Rupert Murdock) et ses problème de « Succession ». D’ailleurs, sur la fin, on pense beaucoup à la série du même nom, pour ceux qui connaissent. J’ai beaucoup aimé ce gros pavé qu’est « Billy Summers », alors que sur le papier la perspective d’une histoire de tueur à gage acceptant un dernier contrat n’était pas très engageante. La fin est double, assez noire mais je ne m’attendais pas à autre chose : comment une histoire de ce type aurait pu finir bien ? Pas la moindre particule de surnaturel dans « Billy Summers »… Enfin si, il y en a une toute petite lorsque le héros se retrouve dans le Colorado non loin des ruines de l’Overlook Hotel (cf « Shining » et « Doctor Sleep »), Stephen King n’a pas résisté à l’envie de s’auto référencer, il le fait désormais beaucoup, ce qui donne à son œuvre totale une cohérence intéressante. Peut-être recroiserons nous un jour la route de Billy Summers dans un autre roman, allez-savoir…

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