Le coin des livres : La Faille

Pour le groupe de Sharko, l’arrestation d’un dangereux nécrophile tourne à la catastrophe : le suspect se suicide après avoir très grièvement blessé un membre du groupe. Audra, enceinte de 5 mois de Nicolas Bellanger, et qui pourtant était restée sagement en arrière des opérations du fait de son état, est désormais entre la vie et la mort sur un lit d’hôpital. Pendant que Sharko et son équipe se débattent pour élucider coûte que coûte cette enquête qui n’en finit pas de rebondir, et pendant que l’IGS épluche le fiasco de l’opération, Nicolas Bellanger reste au chevet de sa fiancée. Mais la mort rode, elle est partout autour de l’enquête, et dans la chambre de l’hôpital, elle génère bientôt un dilemme terrible.

Chez Tilliez, décidément, ce que je préfère c’est vraiment la série des Sharko. Là où parfois, avec ces romans isolés, il peut se montrer tortueux et difficile à suivre, avec la série Sharko il fait mouche à chaque fois. Les romans de cette série sont même de mieux en mieux. Les personnages qu’il a crée, façonné au fil des romans sont devenus tellement attachants qu’on a l’impression de revoir des anciens potes dés qu’on les retrouve. C’est pour cela sans doute que l’épreuve abominable que traverse Bellanger dans ce roman nous prend tellement aux tripes. Le pauvre n’avait déjà pas été à la fête dans « Angor » et « Pandémia », mais là, Thilliez lui réserve un sort que je ne souhaite à personne. L’intrigue tourne en permanence autour du thème de la mort et pour la construire, je suppose que Franck Thilliez est allé chercher l’inspiration dans l’actualité (le scandale de la faculté de médecine de Paris-Descartes) mais aussi dans le cinéma (« L’expérience Interdite ») ou chez ses collègues Niko Tackian (« Quelque part avant l’enfer ») ou Barbara Abel (« Et les Vivants Autour ») : que du (très) bon ! Ici, il est question de la mort mais plus précisément de la limite précise entre la vie et la mort, cette limite si difficile à identifier. Coma, Expérience de mort Imminente, Darknet, profanation de cadavres mais aussi (et surtout) questions éthiques sur la fin de vie et l’acharnement thérapeutique, « La Faille » explore toutes la palette du thème. L’intrigue est passionnante, le roman est impossible à lâcher et on arrive au bout de cette histoire en en clin d’œil, mais assez éprouvé. Les passages difficiles et peu ragoûtants du début mais surtout de la fin ne sont au final pas grand-chose face à la violence émotionnelle du roman, qui remue la peur enfouie en chacun de finir maintenu en vie par une machine sans plus aucune prise sur rien. Remarquablement documenté comme toujours (voir la postface), « La Faille » est un polar « Premium » qu’on pourrait même lire et apprécier sans connaître le reste de la série Sharko. Pour ma part, je lui reconnais une noirceur presque insondable, une puissance émotionnelle rarement atteinte chez cet auteur, et une intrigue d’une efficacité absolument redoutable : du grand Thilliez