le coin des livres : Chute Libre

Ce matin-là lorsqu’il prend les commandes de l’Airbus pour un vol de routine entre Los Angeles et New York, le Commandant de bord Bill Hoffmann n’a aucune idée du cauchemar que seront ces quelques heures de vol. A peine a-t-il décollé qu’il reçoit une photo de sa femme et de ses deux enfants bardés d’explosifs. Un homme lui met en main un marché terrifiant : « Si tu ne crashes pas l’avion sur la cible que je vais t’indiquer, je tue ta famille ». Le choix est évidemment impossible : Pour le vol 416 (dans le cockpit comme dans la cabine), pour la famille de Bill, pour le FBI et le contrôle aérien, et jusqu’au Président, la journée sera longue et pourrait bien se terminer en drame absolu.

Il s’agit d’un premier roman, écrit par une ancienne hôtesse de l’air, et la quatrième de couverture précise même qu’elle l’a écrit en vol ! Alors évidemment, on se dit d’emblée qu’elle sait de quoi elle parle et que les procédures et les évènements de « Chute Libre » seront crédibles et documentés, et ça n’en sera que plus angoissant ! Ce roman est une réussite dans le sens où il est très difficile à lâcher et qu’il met les nerfs des lecteurs à rude épreuve. Pour peu que vous ne soyez pas très à l’aise dans un avion, ce roman vous happe et remue en vous des angoisses bien réelles. L’intrigue se situe dans le cockpit, bien entendu, mais aussi dans la cabine ou le personnel de bord doit affronter les évènements avec courage et inventivité : la cheffe de cabine, Jo, est un personnage central du roman et peut-être le personnage le plus courageux et solide psychologiquement, presque plus que le pauvre Bill aux commandes d’un Airbus qu’on lui ordonne de transformer en arme de destruction. Il y a un complice du terroriste dans l’avion, et il faut arriver au milieu de l’intrigue pour découvrir de qui il s’agit, et c’est une vraie surprise, même si je ne suis pas certaine que ce soit l’élément le plus crédible du roman. Au sol, le FBI est sur les dents pour sauver la famille de Bill sans être sûr que cela suffira à désamorcer la situation. Le suspens va crescendo jusqu’à un final épique et ultra tendu, digne d’un film américain. Je ne serais d’ailleurs pas surprise que ce roman finisse sur un petit ou un grand écran. Les motivations du terroriste sont au début bien fumeuses, on a presque l’impression qu’il fait une sorte d’abominable expérience psychologique. En réalité non, il y a un message politique derrière ce détournement et donc derrière le roman. Je ne dévoile évidemment pas lequel, mais je le trouve à la fois courageux et pertinent ; sans évidemment cautionner la forme, on peut légitimement comprendre le fond, comme d’ailleurs certains personnages le font à la fin de cette aventure. Je sors rincée du roman de T.J. Newman, rincée mais emballée par une intrigue qui ne relâche jamais la pédale, qui maintient chapitre après chapitre une tension égale, et même croissante. Au passage, on apprend quelques petites choses sur le fonctionnement du contrôle aérien, sur les procédures de sécurité et sur l’aviation civile, de la plume même d’une ancienne hôtesse de l’air.