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Jamais Astérix et Obélix n’étaient allés si loin pour apporter leur aide à un peuple en détresse. Bien plus loin que l’Hispanie, bien au-delà de l’Egypte, bien plus loin que les Amériques, c’est pour venir en aide à la princesse impériale de Chine que les deux gaulois (+ Défi) se lancent à l’aventure. L’occasion pour eux, outre d’aider une Impératrice à retrouver son trône, de découvrir une culture très différente : le Kung Fu, l’acuponcture, le Taïchi. Mais aussi de dérouiller quelques romains car Jules César lui aussi est venu apporter son soutien militaire à un ennemi de la couronne Impériale. Mettre des baffes à des légionnaires romains à l’autre bout du monde, c’est quand même la cerise sur le gâteau !
« Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu » mérite-t-il le tombereau de critiques au mieux acerbes, au pire ordurières, qui se sont abattues sur lui depuis une semaine ? Pour tout dire, je n’ai pas le souvenir d’un tel « bashing » cinématographique depuis très longtemps. Et visiblement, cela n’a découragé personne d’aller se faire une opinion sur pièce, si j’en juge par le démarrage en trombe du film au box office, comme quoi… Moi aussi, j’ai voulu aller juger sur pièce dans une salle bien remplie et je vous le dis tout net : non, le film ne mérite pas le tombereau d’ordure qui lui est tombé dessus. Alors c’est vrai, Guillaume Canet n’est pas Alain Chabat et son film ne deviendra pas culte. Mais malgré les petits défauts sur lesquels je vais revenir, il ne nous offre pas un mauvais film. Le temps passe vite, il y a un vrai soin apporté aux décors (surtout sur les très beaux paysages chinois), les effets spéciaux font le job (même si les scènes de baston sont un peu trop longues et un peu trop « Tigres et dragons » à mon gout), la musique est choisie de façon surprenante (du Ennio Morricone, du Lionel Ritchie…) mais l’anachronisme de la musique est aussi une constante de la saga Astérix. Canet essaie au maximum de coller à l’esprit de la bande dessinée, même si on peut trouver dommage qu’il ait choisi une aventure inédite inventée de toute pièce. Anachronismes (« Amphore, j’adore… »), patronymes à jeux de mot ( Epidemaïs, Antivirus, Titanix, Abdelmalix…), calembours à la pelle, clins d’œil en pagaille à d’autres films (« Bohemian Rhapsodie », « Superman », « Dirty Dancing », « La Chèvre », « La Môme », « La Cité de la Peur »…) ou à la pop culture : il y a un gag ou une trouvaille par seconde. Evidemment, avec un tel abatage, il y a forcément du déchet et un certain nombre de gags qui tombent à plat, de jeux de mots pas drôles et de running gags un peu trop évidents. Mais pas de quoi crier à l’imposture non plus, ni à la trahison de l’esprit Goscinny-Uderzo. D’autant que certains gags, en revanche, son assez bien vus : le claquage d’Antivirus, les pigeons voyageurs... Et puis il y a de l’air du temps aussi, avec la tentation végane d’Astérix, les danseuses de César qui trouvent leur robes trop courtes, les interrogations sur les effets à long terme de la Potion magique sur les organismes, etc… Tout ces gags, toutes ces références, tous ces jeux de mots forment une sorte de « grand tout » qui fonctionne, bon gré mal gré. Le scénario soufre de quelques petites faiblesses, notamment parce qu’on a l’impression que certaines scènes semblent avoir été insérées juste pour faire venir un « guest » de plus. Le film met en avant de façon assez inédite les faiblesses et les fragilités du couple Astérix/Obélix. Qu’ils se chamaillent ou tombe amoureux, ça arrive souvent, qu’ils se jalousent ça arrive parfois. Mais qu’ils envisagent purement et simplement la fin de leur amitié et de leur cohabitation, c’est assez nouveau. Ils sont même en position de fragilité au point d’avoir les larmes aux yeux, au point de se poser des questions existentielles sur l’usage de la violence. Canet à voulu faire voyager les deux acolytes plus loin, au sens géographique, mais aussi au sens psychologique et je trouve cela assez audacieux, assez courageux même et ça me plait bien. Sur le fait qu’en territoire chinois, Gaulois et Romains en viennent à se combattre par alliés interposés n’est qu’une ironie de plus, peut-être pas la plus heureuse mais qu’importe : une aventure d’Astérix sans romains n’a aucun sens ! Le casting est à la mesure du carnet d’adresse de Guillaume Canet et on frise même un peu le trop plein. Certains sont méconnaissables (Franck Gastambide notamment), certains sont là juste pour le fun et n’ont pas ou de peu de dialogues (Florent Manaudou, Zlatan Ibrahimovic, Mac Fly et Carlito, Marc Fraize, Big Flo et Oli, Thomas VDB), certains tirent bien leur épingle du jeu et d’autres moins. Je trouve que Vincent Cassel, Manu Payet ou encore Ramzy Bedia font très bien le job alors que d’autres sont moins convaincants. Marion Cotillard surjoue mais ce n’est rien à côté de Jonathan Cohen qui est en roue libre ! Il en devient presque saoulant par moment, et pourtant je l’adore. José Garcia n’est pas non plus trop à son avantage, c’est dommage. Guillaume Canet en Astérix, je ne vais pas mentir, ça met du temps à fonctionner. Il fait au début un peu trop tendre pour le rôle, un peu trop lisse pour un gaulois bagarreur. Et puis, les scènes s’enchainent et ça finit par marcher. Gilles Lellouche, en revanche, est très bien dans un Obélix plus sensible, ironique, un peu fragile. Alors que sur le papier, ce n’était pas gagné, je trouve que c’est avec Vincent Cassel celui qui s’en sort le mieux. Mention spéciale aussi à la très belle Julie Chen, qui nous offre une princesse chinoise rebelle tout à fait délicieuse. Sans égaler le film culte d’Alain Chabat, « Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu » tient la route, même si ça tangue un peu par moment. Ce n’est ni un chef d’œuvre, ni un navet intersidéral, c’est une honnête comédie qui permet de passer un bon moment en famille. En terme de critique, je laisse l’outrance et le bashing à d’autres, perso je préfère la nuance, ce vieux concept si peu à la mode.
La bande annonce de "Astérix et Obélix - L'Empire du Milieu"