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Avant, tout allait bien dans la vie de Yohan, son premier roman avait été un best-seller et sa petite amie Gaïa l’aimait, il n’avait plus besoin de travailler pour vivre, juste écrire ; mais ça c’était avant… A présent, Gaïa n’est plus là, le succès littéraire non plus et Yohan se perd dans la dépression et l’alcool. Sur le Darknet, il a trouvé l’échappatoire : la possibilité de recommencer une nouvelle vie, de disparaître totalement sans laisser de trace à condition de payer (cher) et d’avaler une pilule qui le plongera dans un sommeil profond. À son réveil, il est sur une île, le climat est doux, la maison qu'on lui a réservée est charmante et tout le monde semble sympathique. À Mais Yohan devrait le savoir, le paradis sur Terre, ça n’existe pas.
Déconcertant le nouveau roman de Niko Tackian, très déconcertant même, on s’attend à un roman noir et on tombe sur autre chose. Après une courte introduction, on se retrouve sur une petite île perdue loin de tout et on pense très vite au projet Dharma de « Lost » : une communauté fermée, un organisateur secret, une menace invisible et permanente, des mécanismes ultras modernes (qui font aussi penser à « Under the Dome » de Stephen King), Yohan est rapidement conscient de s’être fait plus moins piéger. Il y a quelques années, Niko Tackian a écrit un petit roman que j’aime beaucoup intitulé « La nuit n’est jamais complète », il semble s’en être un peu inspiré pour « Respire ». Nous suivons donc Johan sur une île perdue, entouré de gens qui semblent tous avoir quelque chose à cacher ou à fuir et qui rapidement le mettent très mal à l’aise .Tellement mal à l’aise qu’alors qu’il a payé le prix fort pour y aller, il ne pense plus qu’à s’en échapper ! Cette île a visiblement été très peuplée, et aujourd’hui elle est quasi déserte : où sont donc passés les autres « disparus volontaires » ? Les chapitres sont courts, le mystère est relativement bien gardé jusqu’au bout. Tout n’est pas super crédible mais ce n’est pas bien grave, on est davantage dans un thriller psychologique mâtiné de fantastique que dans un pur roman noir. On s’attend à un twist final, et il y en a un bien-sur, mais ce n’était pas celui que j’avais imaginé. Je m’attendais sans doute à quelque chose de plus radical, de plus époustouflant comme dénouement. Très facile à lire, et vite dévoré, « Respire » est une sorte de conte philosophique sans prétention, et qui se termine sur une note ultra noire. Le roman véhicule un petit message bien senti et plutôt pertinent. C’est une intrigue qui est construite sur le mystère assez fascinant que sont les disparitions volontaires, ces gens qui quittent tout de jour au lendemain et que l’on ne retrouve jamais : morts ? Vivants ? De quoi vivent-ils ? Comment réussissent-ils à passer sous les radars ? « Respire » est un roman fantastico-exotique, efficace et agréable à lire, et qui laisse au final le souvenir d’une intrigue plutôt sympathique.