Le coin des livres : Prise au Piège

Un  adolescent pêcheur clandestin de crabe remonte par erreur un casier qui ne lui appartient pas, et panique complètement lorsqu’il aperçoit une main dans le casier. L’enquêtrice Tracy Crosswhite, appelée sur les lieux, doit déjà identifier le corps très endommagé de la victime avant d’aller plus loin. Très vite, tout porte à croire qu’il s’agit du cadavre d’Andrea Strickland, une jeune femme originaire de l’état voisin de l’Oregon. Problème, Andrea Strickland est présumée morte dans l’ascension du Mont Rainier, très loin du casier à crabe. Creuser dans la vie de cette jeune femme pour comprendre ce mystère, c’est désormais ce à quoi Tracy va s’employer.

Robert Dugoni est au auteur de roman noir assez mal connu en France, et je trouve que c’est dommage car c’est le troisième roman de sa série « Tracy Crosswhite » que je le lis et j’y prends toujours beaucoup de plaisir. Déjà, il campe son roman dans deux états, l’Oregon et l’état de Washington, qui sont des états riches en grands espace et en paysages luxuriants, entre montagne, Chaine des Cascades, volcans et forets de séquoia géants. L’enquête de Tracy va l’amener à voyager entre  ces deux états, avec même une petite incursion en Californie. Les problèmes de juridiction, de conflits avec la hiérarchie mine cette enquête va s’avère rapidement une vraie toile d’araignée. Dugoni réussit à nous surprendre jusqu’au dénouement, que pas grand monde ne peut deviner. Il faut dire que plus on avance, moins on est sur de comprendre le destin d’Andrea Strickland. Quelques chapitre en italiques lui sont consacrés en tant que narratrice, surtout au début et à la fin (ils sont là pour construire son personnage, celui de son mari, de sa meilleure amie). En tant que lecteur on change notre fusil d’épaule à plusieurs reprises quant aux questions : Qui est le cadavre ? Qui a tué ? Pourquoi ? (la trilogie des enquêtes policières). Les fausses pistes se multiplient, on en vient même à soupçonner les victimes et épargner les pervers narcissiques, mais on garde le fil  e l’enquête jusqu’à la surprise finale. La fin est trépidante, presque cinématographique, comme dans tout bon thriller qui se respecte. Parallèlement, Tracy s’interroge sur son destin de femme, sur son couple, sur un éventuel désir de maternité. Ce personnage, qu’on a connu presque asociale au début de la série, évolue, s’interroge, se remet en question et progresse. C’est tout l’intérêt des romans à personnage récurent. Sans être un monument du roman noir, « Prise au piège » est un thriller qui fonctionne et aborde, mine de rien, une problématique bien dans l’air du temps, celle des pervers narcissiques. Cela en devient tellement à la mode qu’on commence à en voir partout, dans la littérature comme au cinéma ! Mais ne boudons pas notre plaisir car ici, les victimes et les coupables ne sont pas forcément ceux qui en ont l’air.