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Amélie Nothomb revisite de façon totalement baroque les 3 premières années de sa vie dans « Métaphysique des Tubes ». Elle se raconte, dans le style comico-flamboyant qui est le sien, en bébé-tube, puis en bébé-colère, puis finalement en mini-Dieu japonais.
Il y a clairement trois étapes dans le développement de la petite dernière de la famille Nothomb, la famille du consul de Belgique au Japon dans les années 70. Pendant un an, bébé-Amélie sera amorphe, sans mouvement, sans expression, sans pleurs, se contentant d’avaler mollement ce qu’on lui donne. Ce serait évidemment inquiétant pour n’importe quel parent, mais pas trop pour les parents d’Amélie, qui attendent que ça passe en se disant qu’au moins, elle ne les empêche pas de dormir ! C’est cette première partie qui donne le nom étrange du roman, Amélie n’est qu’un tube, elle n’est rien, elle est donc tout, elle est Dieu ! Puis soudain, à 12 mois de « rien » succèdent 6 mois de hurlements de colère non-stop. Amélie n’est plus que colère, elle est désormais un Dieu vindicatif. Enfin calmée (par une friandise), Amélie-Dieu devient ce qu’elle est censée devenir, une divinité qui parle et qui marche. Elle possède déjà tout le vocabulaire nécessaire (puisqu’elle est Dieu) mais distille ses premiers mots au compte-goutte puis découvre la marche, l’eau, les poissons, et regarde le monde tourner autour de son nombril jusqu’à son 3ème anniversaire, qui marque le fin de l’ère divine. Ce n’est pas évident de qualifier cette autobiographie fantasmatique d’une écrivaine que l’on sait à la fois hyper talentueuse et hyper originale, à la personnalité hors du commun. Je pars donc du principe que n’ayant aucun souvenir de ses trois premières années, comme tout le monde, elle imagine le bébé hors du commun qu’elle était, à mi-chemin entre le tube et le divin, entre le Rien et le Tout. Passé les premiers chapitres très déconcertants, on prend un certain plaisir à lire les aventures d’Amélie bébé, dans un style élégant, drôle et même parfois un peu acide. Le livre est ultra court, finalement facile à lire pour peu qu’on adhère au principe. Il est plus facile d’accès et plus ludique que son titre ne peut le laisser supposer.