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Un point c'est (pas) tout

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Blog sur tout ce qui rend la vie plus chouette...


Le coin des livres : Regarder le Noir

Publié par Christelle Point sur 29 Août 2022, 08:43am

« Regarder le Noir », c’est le troisième volet d’une anthologie des éditions Belfond sur les cinq sens, vu à travers le prisme du thriller. Douze auteurs pour 11 nouvelles sur le thème très élargi de la vue, la dernière nouvelle étant écrite encore une fois à quatre mains par Barbara Abel et Karine Giebel. Il faut, comme pour l’ouïe et l’odorat précédemment, prendre la vision au sens le plus large possible : voyeurisme, hallucinations, cécité, toute la palette des nuances est convoquée pour servir ce thème. Parmi les 11 nouvelles, qui vont du polar pur à la science fiction, de la tranche de vie au conte moral, il y a quelques petites pépites et quelques déceptions, c’est un peu le passage obligé des recueils de nouvelles. Au rayon des réussites, la nouvelle d’ouverture signée Olivier Norek « Regarde les voitures s’envoler » donne le ton. Une histoire courte de la rencontre de deux enfants solitaires et malmenés par la vie, qui aurait pu déboucher sur le meilleur mais qui se termine par un rebondissement terriblement noir et que, personnellement, je n’avais pas vu venir. Il y a ensuite « Nuit d’Acide » de Julie Ewa, qui nous emmène en Inde, dans le trafic d’êtres humains et qui rappelle les scènes les plus douloureuses de « Slumdog Millionaire », elle est aussi sordide que les trottoirs de Calcutta. J’ai beaucoup aimé aussi « Transparente » d’Amélie Antoine, et cette femme que (presque) personne ne regarde et qui en souffre tellement, difficile de ne pas se sentir en empathie avec cette non-héroïne en souffrance. Coup de cœur aussi pour « Anaïs », de Fabrice Papillon, qui même si cette histoire de violeur en série psychotique victime d’hallucinations n’est pas d’une originalité échevelée, fonctionne quand même très bien. Gaëlle Perrin-Guillet propose quant à elle « La Tache », sorte de conte métaphorique angoissant et assez reussi sur un écrivain qui voit une tache sur le mur de sa cuisine, et qui grossit, et que personne d’autre ne voit. J’ai eu plus de mal avec « The Ox » de Fred Marx, un peu trop malsaine et tarabiscotée à mon gout, une histoire de meurtre dans une boite échangiste d’une genre très bizarre, mais aussi avec « Tout contre moi »  de Johana Gustawsson, sans grand rapport avec le thème et trop fumeuse, et aussi avec « Demain de René Manzor, une dystopie écolo qui n’hésite pas à chausser les gros sabots. Si l’on excepte la nouvelle d’Olivier Norek, la plus réussie n’est pas cette fois-ci celle de Barbara Abel et Karine Giebel (une enquête sur une agression à l’acide dont j’avais deviné le rebondissement final assez vite) mais peut-être celle de R.J. Ellory. « Private Eye » met en scène un détective privé aguerri, persuadé d’être suivi par un collègue à lui et qui se met à le surveiller à son tour. C’est plein d’ironie, qui surveille qui en train de surveiller qui, c’est (presque) amusant avec une double fin morale qui dénoue tout. Comme toujours avec les nouvelles, il y a matière à découvrir le travail d’auteurs qu’on ne connait pas encore, et à profiter d’inédits d’auteurs que l’on suit avec assiduité. Dans le cas de « Regarder le Noir », il confirme le talent d’Olivier Norek et de R.J. Ellory et donne envie de regarder du coté d’Amélie Antoine et de Fabrice Papillon. Après la vue, l’ouïe et l’odorat, il reste le toucher et le goût, j’ai hâte !

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