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Un point c'est (pas) tout

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Critique cinéma : Nope

Publié par Christelle Point sur 14 Août 2022, 15:48pm

La famille Haywood élève des chevaux pour le cinéma depuis plusieurs générations, depuis que leur aïeul a été filmé sur son cheval, devenant ainsi la toute première image de cinéma de l’histoire du monde. La mort du père d’OJ et Emerald est survenue il y a six mois, il a été tué par une pièce de monnaie tombée du ciel, et la police en a conclu qu’il s’agissait d’un objet tombé d’un avion. Cette version est loin d’avoir convaincu OJ. Quoi qu’il en soit, la mort du père met le ranch dans une situation financière délicate. Le frère et la sœur ne s’en sont pas encore rendu compte mais, au dessus de leur ranch, un nuage reste immobile depuis des mois, malgré le vent et les tempêtes, un nuage qui cache quelque chose de menaçant. Lorsque les phénomènes étranges se multiplient et deviennent de plus en plus visibles, les Haywood se disent qu’une photo leur apporterait de l’argent et règlerait leurs problèmes. Dans leur soif de l’image parfaite de ce phénomène paranormal, OJ et sa sœur vont se mettre en grand danger.

Jordan Peele, en l’espace de deux longs métrages (« Get Out et « Us ») est devenue la nouvelle coqueluche des critiques de cinéma de genre. Dans « Nope » comme dans ses précédents films, il est partout : à l’écriture, à la réalisation, à la production. Derrière une caméra, il faut bien avouer que Peele à un talent indéniable. Il crée une atmosphère très anxiogène en en montrant très peu, surtout au début. L’affrontement final, quant à lui, est tout l’inverse, très visuel, très graphique, spectaculaire ! Il y a un gros travail sur le son (et la musique) car la « menace » (appelons là ainsi, faute de mieux) est très sonore et le bruit qu’elle émet est pour beaucoup dans l’aspect terrifiant qu’elle suscite. « Nope » est découpé en chapitres, chacun portant le nom de l’animal qui sera au cœur dudit chapitre. Le film débute par une scène très étrange qui semble n’avoir aucun rapport avec l’intrigue. Elle sera développée ultérieurement dans un des chapitres. Il s’agit d’une sorte d’histoire parallèle, sous forme d’un flash back, et qui met en scène un chimpanzé dans une sitcom. Je n’en dis pas plus, sauf que le chapitre en question, assez court, impressionne et fiche carrément plus la frousse que tout le reste du film ! Intelligemment filmé, faisant la part belle au hors champs et au travail du son, ce passage pourrait faire l’objet un film entier tant il est impressionnant. Ce chapitre a un rapport avec l’intrigue principale (et un personnage en commun aussi), que l’on comprend sur le tard. Le travail de Jordan Peele est très intéressant, il y a pas mal de scènes visuellement très réussies, avec une belle photographie, filmée sous l’angle qui convient. Le film dure 2h10, peut-être tire-t-il un tout petit peu en longueur sur la fin mais on tient bon car il y a quand même beaucoup de scènes clefs qui « remettent une pièce dans la machine ». Bien filmé, avec des effets sonores très efficaces (j’y inclus la musique, y compris celle qu’écoutent les personnages), découpés en chapitres assez équilibrés, « Nope » est dans sa forme un bon film bien réalisé et bien produit, avec même une très légère touche d’humour par moment. Au casting on retrouve Daniel Kaluuya dans le rôle d’OJ. Il met un peu mal à l’aise au début car il est renfermé, gauche, ne semble à l’aise nulle part et avec personne, presque mutique, il ne regarde quasiment jamais dans les yeux. En fait il donne l’impression d’un type qui a tout le temps peur de tout. Tout le contraire de sa sœur Em, volubile, audacieuse, qui virevolte comme une pile électrique. L’actrice Keke Palmer crève l’écran dans ce rôle, c’est elle la star du film, sans discussion. Steven Yeun et Brandon Perea tiennent très bien les rôles secondaires les plus écrits, le casting est très resserré, les autres rôles sont quasi anecdotiques. C’est évidemment le duo Kaluuya/Palmer qui fonctionne. Entre eux se crée une alchimie étrange, ils sont si différents qu’ils semblent se compléter et on finit par les trouver très attachants d’autant plus qu’on a l’impression qu’ils n’ont aucune vie en dehors du ranch, des chevaux et du souvenir de leur père. Le scénario ne va pas emballer les fans de science fiction, il va déplaire aux amateurs de films d’horreur et il va déconcerter tous les autres ! A mi chemin entre « Phénomènes » de Shyamalan et « La Guerre des Mondes », mâtiné d’un petit peu de « Rencontre du Troisième Type », il met en scène une menace extra terrestre, ou pas, je vous laisse vous faire votre propre impression. Il s’agit d’une rencontre d’un type différent, que l’on peu interpréter d’un point de vue purement surnaturel ou bien métaphorique. Je ne sais pas si j’ai bien compris et cerné la volonté de Peele et le message qu’il tente de faire passer, j’aurais peut-être besoin d’un avis extérieur ou d’un peu de temps pour y repenser tranquillement car, à chaud, le film est déconcertant. Si j’en crois les commentaires autour de moi au sortir de la salle, je ne suis pas la seule dans ce cas. « Nope » est une réflexion sur l’animalité, sur la dualité et la complémentarité entre l’Homme et l’Animal. Ce n’est pas pour rien qu’il y a beaucoup d’animaux dans « Nope », et pas que des chevaux. L’animal, dans « Nope », on l’apprivoise, on le dresse, on le dompte, il vous sert, parfois se rebiffe ou devient un danger, et parfois il vous sauve la vie, cela dépend de comment on le traite. L’Animal, c’est métaphoriquement la Nature, ce qui ferait de « Nope » un film fantastique et d’horreur écolo. C’est une interprétation possible, il y en a surement d’autres. Je ne sais pas s’il faut le conseiller à tout le monde, mais moi j’en garderais un souvenir assez fort et durable, ce qui est quand même bon signe.

La bande annonce de "Nope"

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