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Un point c'est (pas) tout

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Critique cinéma : Là où chantent les écrevisses

Publié par Christelle Point sur 21 Août 2022, 15:28pm

Kya Clark a vécu toute sa jeune vie dans une maison très modeste cachée dans le marais de Barkley Cove en Caroline du Nord. Sa mère a fuit un mari violent, puis ses frères et sœurs se sont carapatés à leur tour, puis finalement son père s’est évaporé alors qu’elle n’avait pas 8 ans. Kya a donc poussé toute seule comme une fleur sauvage, au milieu du Bayou, sans aller à l’école, en échappant aux service sociaux et en vendant les moules qu’elle ramasse au petit matin à l’épicier du coin. En ville, tout le monde à un avis sur cette fille, et tout le monde à un à priori négatif vis-à-vis de cette fille différente, un peu marginale, un peu sauvage. Du coup, lorsque le corps d’un jeune homme du coin est retrouvé dans le marais, c’est Kya qu’on accuse immédiatement. Un vieil avocat du coin décide de la défendre, mais toutes les apparences sont contre elle et son destin semble scellé.

Adaptation d’un roman de Delia Owen (que je n’ai pas lu, et donc je ne saurais dire si le film lui est fidèle ou pas), « Là où chantent les écrevisses » est un film qui m’a laissé un petit peu sur le bord du chemin. Ce que je peux quand même mettre au crédit de la réalisatrice Olivia Newman, c’est que ça faisait longtemps que le bayou n’avait pas été filmé aussi bien, sans doute depuis « Mud, sur les rives du Mississippi » de Jeff Nichols. Pas de doute « Là où chantent les écrevisses » (je ne suis pas fan, du titre mais c’est le titre du best seller) est une ode à cette région du sud-est des Etats Unis, sauvage et sublime, inhospitalière et indomptable, un peu à l’image de l’héroïne du film Le film est un enchantement pour les yeux, un peu moins pour les oreilles tant la musique est omniprésente et sans grand intérêt. En réalité, le long métrage d’Olivia Newman est très propre, très professionnel mais malgré tout très formaté. A part quelques bonnes petites idées ici ou là (la surdité partielle lorsque Kya prends une immense baffe par exemple), le film est très académique, sans surprise et encore une fois, un tout petit peu trop long, surtout sur la fin. Les scènes finales sont de trop, ce genre de scène en « avance accélérée » a déjà été fait mille fois par le cinéma et franchement, je ne suis pas fan du procédé, trop démonstratif à mon gout. En fait, j’ai été à deux doigts de décrocher par moment, à cause de scènes sentimentales trop longues, un peu trop sucrées. Le casting est dominé par le jeune comédienne Daisy Edgar Jones qui irradie le film de sa présence. Sa performance est indéniable, elle porte le film tout entier sur ses frêles épaules. On peut ajouter que la jeune actrice Jojo Régina qui interprète Kya enfant est remarquable aussi. Le reste du casting est un peu en dessous. Les deux rôles de ses prétendants sont incarnés par Taylor John Smith et Harris Dickinson et leur jeu un petit peu atone. Ils ont pour eux une belle plastique, c’est indéniable, mais leur rôle est tellement peu écrit qu’il est difficile pour eux d’en tirer plus que ce qu’ils en font. Cela vaut surtout pour le rôle de Tate, un rôle de beau garçon très gentil, sans aspérité, sans grande profondeur, et le pauvre Taylor John Smith doit faire avec. Sinon on peut soulever la bonne performance de David Strathairn et Garret Dillahunt, respectivement avocat et père indigne, dans des rôles un peu trop courts. Quant au scénario de « Là où chantent les écrevisses », je l’ai trouvé un tout petit peu trop cousu de fil blanc. Encore une fois, je ne connais pas le roman mais le film est très facile à décoder. Une jeune femme différente, un peu ostracisée, proche de la nature, qui ne respecte pas vraiment les règles de sociabilité doit se défendre contre tous les préjugés et aussi contre les Hommes, les deux voulant la mettre au pas, la dominer, la faire rentrer dans le rang. Kya est une sorte d’allégorie de la Nature avec un grand N. Le film se situe dans les années 50-60, dans un Etats que l’on peut qualifier d’Etat du Sud, très conservateur, très moralisateur, très religieux. Un couple de noir tient l’épicerie du coin, il n’est jamais question de ségrégation et de racisme clairement mais on sent que c’est dans l’air. Du coup, que Kya vive de façon si isolée, si différente et ce depuis son enfance, c’est presque difficile à croire. Je sais bien que les temps sont différents et qu’il s’agit d’une Amérique que nous comprenons mal, mais qu’une enfant de 8 ans vive seule dans le bayou, sans aller à l’école, sans autre revenus que le vente de ses moules, ca me parait quand même un peu gros. Quant à l’imaginer faire publier ses dessins et vivre de son art et de ses connaissances de la faune et la flore, c’est surement assez naïf aussi. En fait, le problème de « Là où chantent els écrevisses » se situé précisément ici ; même si le film est agréable, très beau esthétiquement et se laisse regarder sans déplaisir, il est une tout petit peu trop naïf et il faut faire un gros effort pour y croire. L’issue du procès, le rebondissement final, tout est assez attendu. Ce rebondissement final, je m’en veux un peu de ne pas l’avoir deviné avant la fin, car il y a un indice très clair à chopper pendant le film, sin on est attentif, et je n’y ai repensé qu’après la fin de la séance. Ce film plaira surement, il fera même peut-être une belle audience lors de sa diffusion TV (qui lui enlèvera tout son intérêt esthétique, c’est à craindre), mais il n’a pas réellement fonctionné sur moi. Je n’ai été ni charmée, ni fascinée, ni même réellement convaincue par « Là où chantent les écrevisses », et c’est fort dommage.

La bande annonce de "Là où chantent les écrevisses"

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