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C’est l’histoire de 5 jeunes femmes. Il y a Julie, enlevée par un célèbre écrivain de roman noir dérangé et qui est séquestrée par son bourreau dans un endroit inconnu et qui s’accroche comme elle peut à la vie. Il y a Vera, une ancienne psychiatre devenue électrosensible. Elle s’est réfugié loin de tout, dans un village en pleine zone blanche et ne communique avec l’extérieur que grâce à une vieille CB. Il y a Lysine, journaliste qui découvre à la fois qu’elle a été victime d’une usurpation d’identité et que son « homonyme » enquêtait sur un abominable snuff movie. Il y a Camille, jeune policière sur le point d’auditionner une suspecte de meurtre totalement amnésique. Et puis entre ces 4 femmes, il existe un fil, un fil ténu et presque transparent qui serpente dans un labyrinthe. Et qui dit labyrinthe et fil… dit Minotaure.
Je ne l’avais pas compris d’emblée, mais « labyrinthes » (au pluriel, ce n’est pas anodin) est la suite et peut-être la fin de « Il était deux fois ». Avec le premier « Manuscrit inachevé », cela forme une trilogie qu’il me paraît indispensable de lire en bloc (pour bien garder les détails en tête) et dans l’ordre. J’imagine qu’il est possible de lire « Labyrinthes » seul, mais alors on doit perdre beaucoup en termes de subtilité et de compréhension. Ce postulat étant posé, le roman de Thilliez est effectivement une sorte de labyrinthe mental, avec ses culs de sacs, ses repères géographiques et temporels embrouillés, ses retours en arrière, et ses (mauvaises) surprises. Basé très librement sur le mythe du Minotaure, « Labyrinthes » m’a fait penser rapidement à deux autres romans : « La mémoire fantôme » du même auteur et « La Passager » de Grangé. Impossible d’en dire beaucoup sur l’intrigue sous peine de dévoiler le mécanisme interne du roman, efficace et relativement surprenant : on ne comprend que tardivement où Thilliez nous emmène. Avec sa double révélation finale et son dernier chapitre identique au premier, le roman se lit facilement sans (trop) nous perdre en route. Au début on ne comprend pas ce que relie toutes ces femmes qui n’ont rien du tout en commun, on trouve même que l’histoire de Julie est bien plus passionnante que les autres et on se demande pourquoi il n’a pas construit entièrement son roman sur elle. Mais ça, c’était avant de comprendre que Thilliez nous mène par le bout du nez dans son vilain labyrinthe ! Agréable à lire avec des chapitres courts qui alternent entre Julie, Véra et Lysine (Camille n’apparaît qu’au début et à la fin), il faut néanmoins avoir le cœur bien accroché quand sont évoqués les horreurs du suff movie de Lysine. Je ne sais pas si ce roman clôture une trilogie ou bien si Thilliez va continuer, il y aurait peut-être matière… Mais prise en bloc, cette trilogie tortueuse est certes impressionnante par la construction en forme de poupées russes déstructurées, mais je n’arrive pas à y adhérer à 100 %. Je préfère de loin quand Franck Thilliez met en scène Sharko, son sympathique héros récurrent. « Labyrinthes » reste malgré tout un roman malicieux et efficace, tout à fait dans la lignée de « Il était deux fois » dont il révèle, a posteriori, quelques subtilités qui m’avaient échappé initialement. Véra, Lysine, Julie et Camille, ça fait 4 et non 5, vous l’avez remarqué. C’est qu’il y a une 5ème personne en jeu, une certaine Ariane, qui incarne à elle toute seule toute la complexité du dédale dans lequel errent les 4 autres.