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Tout allait bien dans la vie de Toby, une petite amie charmante et un job sympathique dans les relations publiques d’une galerie d’art de Dublin, jusqu’à cette nuit où, en rentrant du pub, il tombe sur deux cambrioleurs chez lui. Tabassé et laissé dans sale état, il se reconstruit lentement et difficilement. Son oncle Hugo, atteint d’une tumeur cérébrale, vit seul dans la grande maison de famille de son enfance, alors il part s’installer chez lui pendant sa convalescence, pour veiller sur lui. Une après-midi, un de ses neveux découvre un crâne humain dans le tronc creux d’un orme centenaire du jardin. La police intervient, c’est le début d’une enquête policière qui va déstabiliser toute la famille et réveiller des souvenirs ô combien pénibles.
Avec « L’arbre du mal », Tana French nous offre un livre fleuve qui nous emmène dans les secrets d’une famille en apparence unie et heureuse de la « middle class » irlandaise. Le roman explore assez finement le fonctionnement d’une famille élargie et plus particulièrement au moment de l’adolescence avec tout ce que cela suppose de bouleversements. Ce crâne, on l’apprend assez vite, n‘est pas le crâne d’un inconnu et il a beaucoup à raconter a la police. Ce gros roman devient de plus en plus prenant et de plus en plus efficace au fur et à mesure des chapitres. Les premiers chapitres, disons jusqu’à la découverte du crâne, sont assez déroutants, et notamment le tout premier. Tana French semble s’éparpiller en développant longuement des péripéties sans grand intérêt (sur le travail de Toby avec la galerie d’art), puis en étirant longuement le passage à l’hôpital de son personnage. En ramassant un tout petit peu plus son début de roman, elle aurait évité le risque de décrochage qui nous menace pendant au moins 50 pages ! Il faut s’accrocher car le meilleur reste à venir. Le roman de Tana French est bien dans l’air du temps. Sans trop en dire, elle évoque les affres du harcèlement, la difficulté d’être une femme dans certains milieux à certaines périodes de la vie, l’homophobie, la facilité avec laquelle on peut harceler en ligne un individu sans en mesurer les conséquences. D’un point de vue purement psychologique, le livre et surtout ses derniers chapitres sont particulièrement pertinents et percutants. On a quand même un tout petit peu de mal à s’attacher aux personnages (sauf peut-être à Hugo, l’oncle généalogiste mourant, et à Melissa, la petite amie compréhensive), tous les autres, Toby en tête, sont ambivalents, insondables, jamais réellement au clair entre ce qu’ils disent, ce qu’ils font et ce qu’ils pensent. Le livre, qui part très doucement, se lit comme une sorte de spirale et jusqu’à la fin, on n’est pas à l’abri d’un rebondissement. D’ailleurs, elle m’a surpris avec une fin complexe et plus amère que douce. Mitigée au début, je me suis finalement laissée embarquer dans cette histoire de vengeance et de karma, dont Toby ne sortira pas indemne.