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Après une rupture sentimentale très douloureuse, Laura a décidé de quitter New York et de retourner vivre dans la petite famille de sa grande sœur Rosie, qui vit toujours dans la ville de leur enfance. Elle retrouve par la même occasion son meilleur ami de toujours, Gabe qui lui aussi s’est marié et est resté sur place. Elle s’est inscrit sur un site de rencontre et a accepté un premier rendez-vous à l’aveugle avec un jeune divorcé : Jonathan Fields. Le lendemain matin, Rosie comprends que Laura n’est pas rentrée. Les heures passent, et Laura ne revient pas… Au bout de presque 24 heures, Rosie et son mari Joe doivent se rendre à l’évidence, quelque chose de grave est arrivé alors qu’ils n’ont aucun moyen où elle est allée et qui est réellement ce Jonathan Fields, ni même si c’est son vrai nom.
Le roman de Wendy Walker est construit de façon un peu particulière. Les chapitres alternent entre le récit de Laura et celui de sa sœur mais les deux récits se déroulent sur deux unités de temps différentes. Du côté de Laura, la narration se concentre essentiellement sur la nuit fatidique, heure par heure. Parce qu’elle est encore traumatisée par se rupture récente, parce qu’elle a un très lourd passé avec cette petite ville (à découvrir au fil des pages), parce qu’aussi en face on a un homme qui ne met pas très à l’aise, qui a l’air curieux, empressé, changeant, toute cette partie de l’intrigue côté Laura met de plus en plus mal à l’aise au fil des pages. On ne comprend pas toujours très bien cette fille et les décisions un peu irrationnelles qu’elle prend. Il y a beaucoup de choses à découvrir sur Laura et son passé mais c’est aussi grâce à l’autre partie que l’on comprend au fil des pages ce qui se joue. L’intrigue du côté de Rosie commence le lendemain matin de cette fameuse soirée et c’est là l’enquête affolée et forcément désordonnée d’une sœur très inquiète. Là, la narration est plus académique, elle progresse dans son enquête en cherchant à savoir qui est ce fameux jeune divorcé si attrayant sur le papier et ce qu’elle découvre est assez peu rassurant. Et puis il y a la personnalité et la passé de Laura qui lui pose question : de sa sœur ou de l’inconnu, qui est réellement en danger ? Là encore, elle découvre au fil des pages, et nous avec, une réalité qu’elle ne soupçonnait pas sur sa propre sœur. Le roman est une sorte de puzzle dont les pièces s’assemblent peu à peu dans une certaine confusion (parfois il faut un peu s’accrocher pour ne pas perdre le fil) pour donner au final un résultat inattendu. Jusqu’à 8 ou 9 chapitres de la fin, on est encore en plein brouillard et puis le dénouement arrive pour tout remettre d’équerre. C’est un dénouement qui fait la part belle à la psychologie, pour ne pas dire à la psychiatrie comme dans les deux romans précédents de l’auteure que j’ai déjà lu, « Emma dans la nuit » et surtout « Tout n’est pas perdu ». Elle creuse son sillon, et on peut même considérer, en exagérant un tout petit peu, que ce roman est une sorte de mélange des deux précédents. Assez réussi malgré un cœur de roman qui flirte un petit peu avec la confusion à force de vouloir brouiller les pistes et ménager ses effets, « La Nuit d’Avant » tient la route et réussi à nous accrocher et à nous surprendre.